L'ancien président français Nicolas Sarkozy a fait hier une première expérience difficile d'un « live tweet » avec des internautes souvent impertinents qui ont parfois retourné l'exercice de communication contre l'ancien président de la République.
Si les questions étaient souvent posées par des partisans du président de l'UMP, un parti appelé à adopter bientôt la dénomination « Les Républicains », le débat qui a suivi chaque réponse de Nicolas Sarkozy a été dominé par les opposants, la parole étant par définition incontrôlable sur Twitter. La volonté de l'ancien chef de l'État de se montrer proche des Français a ainsi suscité beaucoup de moqueries. « Pas un seul chagrin résiste à la lecture d'un bon livre. Si tu es sentimental, je te conseille Les Cerfs-volants de R. Gary », a-t-il ainsi répondu à un internaute qui lui demandait s'il avait des conseils de lecture à lui donner. « Vous tutoyez les internautes ? De quel droit ? » a réagi l'un d'eux, une critique récurrente tout au long des 80 minutes de cet exercice, une première en France à ce niveau. Un autre ajoute : « Ne résiste. 2e tweet une erreur de syntaxe, ça promet. ». « À la maison j'ai un chat et chien ! » poursuit le président de la formation d'opposition, une information qui provoque les railleries de la twittosphère, comme quand il relate sa passion pour les séries américains Homeland ou House of Cards.
Un Pogbathon
Le « live tweet » a parfois tourné à l'affaire familiale quand son fils Louis lui a demandé « une plus grande télé ». « Je suis prêt à échanger une plus grande TV contre la suppression de ton addiction à ton ordi », a répondu le père. Un supporteur du Paris Saint-Germain lui demande s'il peut faire quelque chose pour que l'international français Paul Pogba, qui joue actuellement à la Juventus, vienne en France. « Bien reçu le message sur Pogba, je partage ton avis, il va falloir qu'on se cotise ! » dit l'ancien président. Les « twittos » ont renvoyé le boomerang : « C'est-à-dire faire un Pogbathon à l'image du Sarkothon d'il y a deux ans ? » dit l'un d'eux, en référence à la souscription lancée par Nicolas Sarkozy pour faire face à l'invalidation de ses comptes de campagne de la présidentielle de 2012.
Mais c'est à François Hollande que Nicolas Sarkozy a réservé l'essentiel de l'exercice. « Tromperie, échec, angoisses », a-t-il expliqué quand on lui demande de faire le bilan des trois premières années de mandat du président socialiste. « On a demandé le bilan de Hollande, pas le vôtre ! » rétorque un des débatteurs. « Entre le socialisme et la république vous avez choisi le socialisme. Nous avons choisi la république », dit Nicolas Sarkozy à un internaute critique. « La république c'est la séparation des pouvoirs. Vous, vous êtes toujours en examen pour trafic d'influence », répond un autre en référence aux ennuis judiciaires de l'ancien président, qui n'a pas laissé paraître d'agacement.
(Source : Reuters)