Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Rencontre historique Obama-Castro : les Cubains émus, mais prudents

Pas d'espoir inconsidéré d'une normalisation imminente des relations entre Washington et La Havane.

Les Cubains célèbrent à leur manière le rapprochement de leur île avec Washington, en portant des vêtements arborant le drapeau des États-Unis. Yamil Lage/AFP

Encore sous le choc de la rencontre historique au Panama entre leur président, Raul Castro, et son homologue américain, Barack Obama, les Cubains s'efforcent de ne pas céder à l'euphorie d'une normalisation imminente des relations avec l'ancien ennemi du Nord. « Jamais on n'aurait imaginé que cette rencontre soit possible, et encore moins qu'elle puisse se dérouler d'une manière aussi cordiale, franche et respectueuse. Je crois que nous, les Cubains, sommes encore très impressionnés », explique Jorge Luis Pérez, un guitariste de 51 ans qui chante pour les touristes, rencontré dans les rues de La Havane.
Transmises en simultané par la télévision d'État, les images mémorables de la rencontre des deux chefs d'État en marge du Sommet des Amériques étaient encore dans tous les esprits en ce début de semaine à Cuba, où chacun y allait de son petit commentaire. Et, en tête des images qui ont marqué, figuraient les sourires des deux hommes. « Ils avaient l'air de deux gentlemen », constate Xiomara Castellanos, très volubile malgré ses 73 ans, illustrant la perception soudaine dans l'île d'un véritable désir mutuel d'ouvrir de nouvelles relations après tant d'années de conflit.

Méfiance et craintes pour la révolution
Mais passé l'émotion, de nombreux Cubains reprennent les mots de Raul Castro qui, tempérant l'enthousiasme ambiant au Panama, a exhorté les deux pays à « être patients, très patients ».
« Il ne faut pas entretenir de faux espoirs », prévient Jorge Broches, responsable d'un hôtel de La Havane, qui fait montre d'une bonne connaissance des problématiques politiques américaines. « Même si Obama a vraiment l'air honnête et plein de bonnes intentions envers Cuba, il y a des décisions importantes qui ne lui appartiennent pas et qui dépendent du Congrès » américain, comme la levée de l'embargo économique et financier imposé depuis 1962. La normalisation « ne se fera pas à court terme, mais à long terme », confirme Jorge Luis Pérez, qui a étoffé son répertoire de chansons américaines pour s'adapter à un nouvel afflux de « gringos ». Pour l'électricien Gregorio Rodriguez (65 ans), un danger pèse sur cette nouvelle relation « si le gouvernement cubain ne fait rien pour améliorer les droits de l'homme », revendication au cœur des préoccupations de l'administration Obama.
Alicia Hidalgo (51 ans) a pris acte de ce rapprochement, mais elle se méfie de l'Oncle Sam et craint que certains acquis de la révolution de Fidel Castro soient menacés par Washington. « Je ne crois pas en l'honnêteté d'Obama et je ne fais pas confiance aux Américains », clame cette employée d'une institution culturelle, qui a sa propre interprétation des événements : Barack Obama lui-même a reconnu « que seules les méthodes avaient changé, mais que l'objectif restait la destruction de la révolution ». Si les Américains « débarquent, au début tout sera rose, mais ensuite la jeunesse sera dévorée par les choses matérielles et les vices, prophétise Alicia. Eux, tout ce qu'ils touchent, ils le corrompent ». À côté d'elle, on est plus bienveillant face aux Américains, et surtout face aux changements que cette nouvelle relation pourrait apporter. « Je ne veux pas mourir sans voir les deux pays cohabiter civilement, comme doivent le faire tous les pays voisins », s'exclame Jorge Luis Pérez.

Rigoberto DIAZ/AFP

Encore sous le choc de la rencontre historique au Panama entre leur président, Raul Castro, et son homologue américain, Barack Obama, les Cubains s'efforcent de ne pas céder à l'euphorie d'une normalisation imminente des relations avec l'ancien ennemi du Nord. « Jamais on n'aurait imaginé que cette rencontre soit possible, et encore moins qu'elle puisse se dérouler d'une...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut