Le guide suprême iranien a écarté samedi toute coopération avec les Etats-Unis sur les conflits régionaux, où les objectifs des deux pays sont "à l'opposé", affirmant que les négociations avec Washington étaient limitées au programme nucléaire de Téhéran.
L'ayatollah Ali Khamenei a opposé une fin de non-recevoir à des ouvertures américaines en cas d'accord définitif sur le dossier nucléaire, le secrétaire américain John Kerry ayant affirmé que Téhéran et Washington avaient "un intérêt commun" dans la lutte contre le groupe Etat islamique.
L'Iran apporte un soutien militaire à l'Irak et la Syrie face aux jihadistes, mais refuse de faire partie de la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre l'EI.
"Les négociations avec les Etats-Unis portent uniquement sur le nucléaire et sur rien d'autre. Nous ne négocions pas avec les Etats-Unis sur les questions régionales, les objectifs des Etats-Unis (sur ces questions) sont à l'opposé des nôtres", a affirmé l'ayatollah Khamenei lors d'un discours télévisé prononcé dans la ville sainte de Mashhad (nord-est) pour le Nouvel an iranien. "La politique des Etats-Unis est de créer une instabilité, regardez l'Egypte, la Libye, la Syrie", a-t-il souligné.
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Alors que l'Iran et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) sont engagés dans une course contre la montre pour tenter de sceller un accord nucléaire avant la fin mars, l'ayatollah Khamenei a répété que les sanctions internationales devaient être levées sans délai après un accord, et non pas progressivement.
Il a dénoncé la "duperie" des Etats-Unis, qui "répètent (...) +s'ils ont appliqué l'accord, nous lèverons les sanctions+. C'est inacceptable. La levée des sanctions fait partie des négociations et n'est pas le résultat des négociations".
Les grandes puissances "unies"
Le guide suprême a aussi qualifié de "non sincères" le message du président américain Barack Obama, qui a appelé jeudi les Iraniens à saisir une "opportunité historique" de sceller un accord "qui bénéficiera à nos pays, et au monde, pendant de nombreuses années".
Le président Obama "a dit qu'en Iran, certains ne veulent pas le règlement diplomatique de la question nucléaire", a-t-il dit. "C'est un mensonge. En Iran il n'y a personne qui ne souhaite pas un règlement à travers les négociations (...) Ce que la nation iranienne ne veut pas, c'est accepter ce que les Américains veulent nous imposer par la force".
Samedi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a vanté "l'unité" des grandes puissances sur le dossier nucléaire iranien après une semaine de tractations marathon à Lausanne. "Nous sommes unis dans notre objectif, approche et détermination pour faire en sorte que le programme de l'Iran soit pacifique", a déclaré M. Kerry dans la ville suisse, qu'il devait quitter à la mi-journée pour rejoindre Londres.
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Le chef de la diplomatie américaine devait y rencontrer ses homologues britannique Philip Hammond, allemand Frank Walter Steinmeier, français Laurent Fabius et européenne Federica Mogherini, pour évoquer la suite des négociations après une semaine de discussions à Lausanne, qui n'ont pas permis d'aboutir à un accord politique avant la date butoir fixée au 31 mars.
Vendredi, l'Iran et les Etats-Unis avaient annoncé la reprise des négociations internationales à partir du 25 mars, peut-être le 26 mars. M. Kerry a répété qu'il serait de retour à "Lausanne la semaine prochaine", sans se montrer plus précis. "Nous ne voulons pas n'importe quel accord (...) Nous ne nous précipitons pas", a-t-il expliqué.
Mais des diplomates européens ont exprimé ces dernières semaines leur scepticisme face à la volonté prêtée aux Etats-Unis de conclure au plus vite un règlement sur le programme nucléaire controversé de Téhéran. "La divergence la plus nette réside entre les États-Unis, qui ont proposé une levée progressive des sanctions de l'ONU (...) et la France, qui ne souhaite offrir qu'un assouplissement symbolique des mesures punitives imposées sur la dernière décennie", soulignait samedi le quotidien britannique The Guardian.
"Les Américains sont prêts à lâcher un accord très loin des objectifs initialement fixés", a estimé une source proche des négociations. "S'il y a cette réunion de Londres, c'est qu'il y a encore des choses à caler entre les quatre", a-t-elle ajouté, soulignant que les Américains avaient besoin de la France pour rendre l'accord "plus acceptable aux yeux de ceux qui n'en veulent pas".
Du côté de Téhéran, le président iranien Hassan Rohani a affirmé samedi qu'il n'existait "rien qui ne puisse être résolu" et qu'un accord était "possible". "Dans cette série de négociations (à Lausanne, ndlr), il y avait des différences sur certaines questions (mais) des points de vue communs ont émergé qui peuvent être la base d'un accord final", a-t-il affirmé.
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commentaires (10)
ON NE VEUT PAS CONFESSER QU'IL Y A D'AUTRES DÉCULOTTAGES AUSSI !
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 07, le 22 mars 2015