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Moyen Orient et Monde

L’armée turque entre en Syrie puis en sort, Damas évoque une « agression flagrante »

La Turquie a mené une incursion militaire à 37 km à l'intérieur du territoire syrien dans la nuit de samedi à hier pour évacuer la dépouille mortelle d'un dignitaire ottoman et les soldats qui gardaient son tombeau situé dans une zone tenue par l'État islamique (EI), une opération dénoncée par Damas.
En réaction, Damas a qualifié d'« agression flagrante » l'intervention turque, accusant Istanbul de « fournir tout type de soutien aux bandes de l'État islamique, du Front al-Nosra et d'autres groupes terroristes liés à el-Qaëda ». L'opération a été décidée en raison de la détérioration de la situation autour de la minuscule enclave turque de quelques centaines de mètres carrés où gît Souleïmane Shah, le grand-père de Osman Ier, fondateur de l'Empire ottoman, a annoncé hier le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, lors d'un point de presse à l'état-major des armées. « Une opération a été lancée à 21h00 avec le passage de 572 soldats par le poste-frontière de Mursitpinar », a précisé M. Davutoglu. Une quarantaine de chars sont entrés en Syrie dans le cadre de cette incursion, a précisé le Premier ministre turc, indiquant qu'elle s'était achevée sans qu'il n'y ait de combat. Les 38 soldats qui protégeaient le lieu ont été ramenés en Turquie. « Les reliques du dignitaire turc ont été rapatriées temporairement en Turquie pour être inhumées ultérieurement en Syrie », a-t-il indiqué, ajoutant qu'une zone avait été sécurisée en territoire syrien pour transférer la dépouille mortelle à cet endroit dans les jours suivants. Il s'est félicité du « bon déroulement » de cette première incursion turque en Syrie depuis le début de la guerre civile. La Turquie s'est ainsi emparée dans un geste hautement symbolique d'un nouveau bout de terre situé à 200 mètres seulement de sa frontière, en territoire syrien, dans le village d'Eshme près de la ville de Kobané.

La CNS informée
Pour sa part, le président turc Recep Tayyip Erdogan a félicité l'armée pour sa « réussite » et indiqué dans un communiqué : « Notre drapeau continuera de flotter dans son nouvel emplacement afin de garder en vie la mémoire de nos ancêtres. » De leur côté, les troupes turques et le contingent gardant la tombe sont rentrés tôt hier en Turquie et tout ce qui reste du lieu saint a été détruit, selon M. Davutoglu. Le gouvernement turc a informé la Coalition nationale syrienne de son incursion, a par ailleurs indiqué le bureau de presse de la Coalition.
L'opposition turque a vivement critiqué « un retrait présenté comme une victoire militaire ». « Pour la première fois de l'histoire de la République turque, nous perdons nos terres sans combattre », a martelé Gürsel Tekin du Parti républicain du peuple (CHP). Sinan Oghan, dirigeant du Parti de l'action nationaliste (MHP, droite), a renchéri : « Vous avez failli à protéger la sépulture de notre ancêtre et nos soldats ont été obligés de se retirer. »
La relocalisation en sol syrien de ce tombeau revêt une importance politique et diplomatique pour Ankara qui souhaite montrer qu'il n'a pas « perdu » contre les jihadistes, contre lesquels il était appelé par l'Occident à s'engager militairement, ont commenté les observateurs. D'ailleurs, M. Davutoglu a fait remarquer que « la Turquie n'a été privée d'aucun de ses droits en ce qui concerne le droit international », qui lui attribue un morceau de territoire syrien pour ce tombeau. Un soldat turc a perdu la vie lors d'« un accident » au moment de l'incursion, a annoncé M. Davutoglu. La Turquie avait menacé les jihadistes de représailles s'ils attaquaient le site symbolique, sous souveraineté turque, situé au nord-est d'Alep. Pour rappel, le tombeau est considéré comme un territoire turc depuis la signature d'un traité entre la France, qui occupait alors ce territoire, et la Turquie en 1921.

La Turquie a mené une incursion militaire à 37 km à l'intérieur du territoire syrien dans la nuit de samedi à hier pour évacuer la dépouille mortelle d'un dignitaire ottoman et les soldats qui gardaient son tombeau situé dans une zone tenue par l'État islamique (EI), une opération dénoncée par Damas.En réaction, Damas a qualifié d'« agression flagrante » l'intervention turque,...

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