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Culture - Musique

Ne tirez pas sur l’organiste

L'imposant Centre Kennedy et son orgue solennel pris d'assaut par un talent trublion.

Travaillant sur l’orgue de sa conception.

Les cheveux en crête iroquoise, arborant une courte veste de smoking sur un pantalon jeans, il attaque, au vrai sens du terme, Bach, Chostakovitch, César Frank et Haendel, jouant de tout son corps du roi des instruments. Et non comme un traditionnel et rigide organiste. Il a 33 ans, se nomme Cameron Carpenter, ne recherche pas le spectaculaire, mais la mise en valeur et à la portée de tous de l'orgue – auquel il voue passion et respect – afin qu'il ne soit plus réservé aux rares occasions. Sa récente performance au Centre Kennedy a fait exploser ses fibres de bête de scène, au-delà de sa flamboyance, de son glam et de ses gags. Le public s'est laissé emporter par son vif talent et la profondeur de son interprétation. «Il fait ce dont tout un chacun parle dans le domaine de la musique classique, écrit la critique du Washington Post Anne Midgette. À savoir: faire tomber les barrières, faire les choses différemment et atteindre une nouvelle audience. Avec un grand amour et beaucoup de déférence pour les canons de la musique classique.»
Diplômé de la prestigieuse école de musique Julliard de New York, il a commencé par créer la controverse qui n'a pas tardé, cependant, à lui valoir tous les superlatifs grâce à son entière compréhension et sa maîtrise d'un instrument pompeux dont il a fait son quotidien et qu'il perçoit comme «générateur d'émotions». Au point d'en avoir conçu et fait réaliser une réplique digitale et portable qu'il emmène dans ses tournées et qu'il nomme «International Touring
Organ». Avec son ambition, son flair, sa sensibilité et son savoir technologique, il voulait à tout prix implanter l'orgue dans le XXIe siècle. Il l'avait inaugurée par un concert au Lincoln Center l'an dernier avant de la faire voyager partout dans le monde. Installé à Berlin, il rayonne sous toutes les latitudes, remplit les églises et les grandes salles de concerts où il se produit. Et peu lui chaut d'être comparé à Liberac à cause de ses tenues extravagantes tantôt moulantes, tantôt illuminées de sequins, tantôt camouflage, et ses chaussures garnies de strass mais spéciales: elles lui permettent de jouer parfois une partition en utilisant uniquement le pédalier. L'essentiel pour lui étant de donner les grandes orgues pour le plaisir du plus grand nombre possible. Et il fait remarquer: «Busoni arborait aussi des sequins!», faisant allusion au pianiste compositeur italien Ferruccio Busoni qui, au tournant du siècle dernier, s'était également fait le promoteur de la musique
contemporaine.
Quant au répertoire de Carpenter, il va de Bach à Burt Bacharach, l'un des plus grands compositeurs de musique américaine des années 60.
Si, dès l'âge de six ans, il s'est épris de l'orgue, ce n'est pas pour l'avoir entendu à l'église (peu fréquentée par sa famille) de la Pennsylvanie rurale où il est né, mais après avoir vu une photo de l'orgue du Radio City Music Hall derrière lequel un film était projeté. Il a alors voulu que l'orgue soit un «événement» tout en glamour et non la chose devant laquelle on s'installe uniquement. Même pour se faire l'écho des illustres maîtres du genre. Il dit donc toujours oui aux grandes orgues et ne dit pas non aux «cornemuses du diable», ainsi nommées à leurs débuts par un clergé effaré par tant de sonorités.

Les cheveux en crête iroquoise, arborant une courte veste de smoking sur un pantalon jeans, il attaque, au vrai sens du terme, Bach, Chostakovitch, César Frank et Haendel, jouant de tout son corps du roi des instruments. Et non comme un traditionnel et rigide organiste. Il a 33 ans, se nomme Cameron Carpenter, ne recherche pas le spectaculaire, mais la mise en valeur et à la portée de tous de...

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