Iran : dire que les sanctions sont inefficaces est un "mensonge", selon un ministre

Affirmer que les sanctions contre l'Iran étaient inefficaces est un "mensonge" qui a fait régresser le pays, a affirmé lundi le ministre iranien de l'Industrie, Mohammad Reza Nematzadeh, dans une rare critique de la classe politique.

Ses commentaires visaient le gouvernement de l'ex-président Mahmoud Ahmadinejad, dont le double mandat (2005-2013) a été marqué par la crise internationale sur le programme nucléaire controversé iranien, qui avait entraîné plusieurs vagues de sanctions économiques internationales.
Après avoir longtemps nié que les sanctions affectaient l'économie iranienne, M. Ahmadinejad avait admis à la fin 2012 qu'elles avaient créé "des problèmes" pour le pays.

D'autres responsables politiques iraniens continuent d'affirmer que les sanctions, notamment sur les secteurs pétroliers et financiers, n'avaient pas mis l'économie iranienne à genoux.
L'Iran connaît toutefois de graves problèmes économiques depuis 2012, avec un taux d'inflation qui a culminé à plus de 40% en juin 2013 avant de baisser à environ 18% actuellement.

"Utiliser la vulgarité et les jurons, ce n'est pas ça la force", a lancé M. Nematzadeh, également chargé des Mines et du Commerce, lors d'une conférence à Téhéran. Il faisait une allusion claire à l'ex-président conservateur, réputé pour utiliser un langage familier dans ses discours.
"Pourquoi devrions-nous abandonner la logique pour les jurons et les gesticulations vide de sens? Pensez-vous que le monde ne réalise pas que nos gestes, nos remarques sont vides?", a-t-il ajouté.
"Pourquoi devrions-nous dire que la guerre ou les sanctions n'ont pas d'effet. Notre jeunesse, éduquée, sait si vous mentez. Pourquoi devrions-nous apprendre aux jeunes à mentir?", a-t-il demandé.

Il a salué l'approche différente choisie par l'actuel président, Hassan Rohani, qui avait fait référence aux "sanctions injustes" en relançant les négociations nucléaires avec les grandes puissances pour parvenir un accord définitif et la levée des sanctions.

M. Nematzadeh est un vétéran de la politique iranienne qui a occupé des postes ministériels sous les quatre présidents élus depuis 1989, dont M. Ahmadinejad.
"Si les sanctions sont une bénédiction, nous devrions en demander constamment, ce qui est arrivé en réalité (...) on a continué à dire +les sanctions n'ont pas d'effet+".
"Mettons-leur du coton dans les oreilles, du scotch sur la bouche. Pourquoi mentez-vous? Elles ont un effet. Le pays a régressé", a-t-il dit citant l'inflation, la récession économique et le chômage des jeunes.

Fin décembre, le président Rohani avait défendu le bilan de son gouvernement après 18 mois de pouvoir, arguant d'une inflation maîtrisée et d'une croissance retrouvée malgré les sanctions internationales. L'Iran tente également d'attirer les investisseurs étrangers pour relancer l'économie en cas de levée des sanctions.