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Culture - Design

David et Nicolas chez Loulou et Hoda!

Leurs prénoms sont sur toutes les lèvres. Leurs œuvres dans les pages de tous les magazines qui comptent. Et pourtant, David et Nicolas n'ont encore jamais véritablement montré leur travail à leurs compatriotes. C'est désormais chose faite avec l'exposition « Loulou/Hoda » que leur consacre la galerie Art Factum*

David et Nicolas, tandem gagnant.

Qu'y a-t-il de commun entre une cruche, une canne, un lustre, une échelle, un étui à briquet et un rocking-chair? «Il s'agit de meubles et d'objets que l'on retrouve fréquemment dans les intérieurs de nos grands-mères», assurent les designers David Raffoul et Nicolas Moussalem.
Lesquels, partant de ce constat, ont conçu, pour leur toute première exposition individuelle, une collection spécifique de pièces réinterprétant ces éléments d'ameublement. Commanditée par Joy Mardini, la galeriste d'Art Factum, cette exposition a été malicieusement baptisée «Loulou et Hoda» en référence aux grands-mères respectives de ces deux grands garçons de 26 ans dont le talent n'a pas attendu le nombre des années. Deux garçons dans le vent désignés par le New York Times (style magazine) comme «les étoiles montantes de la Milan Design Week 2014». Et qui ont déjà à leur actif plusieurs collaborations avec des maisons d'édition de meubles et d'art de la table (voir cadre ci-après).

 

Table roulante en métal, laiton, verre et cuir. Photo Michel Sayegh

 

« Zoom sur le détail »
Professionnel jusqu'à la pointe du détail (qu'ils contrôlent d'un œil aiguisé), leur binôme s'est formé de manière quasi évidente à l'Alba, où ils avaient tout deux commencé par entamer des études d'architecture avant de bifurquer «simultanément vers l'architecture d'intérieur, puis de "zoomer" encore plus sur le détail en passant au design à l'école polytechnique de Milan», racontent-ils. Il s'est ensuite renforcé à travers des projets communs réalisés pour des éditeurs internationaux – «souvent au moyen d'échanges de mails et autres WhatsApp lorsque nous nous trouvions chacun dans un pays ou un continent différent», indique David qui, après son diplôme, a évolué un moment entre le Japon et la «Fabrica» à Milan tandis que Nicolas se trouvait entre l'Italie et Beyrouth pour un projet d'aménagement d'hôtel. Et le voilà qui se consolide définitivement avec l'aménagement de leur studio à Mar Mikhael. «Où on signe pour 90 ans de vie commune», plaisantent les «associés» qui, plus sérieusement, assurent avoir envie d'amener à Beyrouth les designers et connexions qu'ils ont eu la chance de connaître et de côtoyer au cours de leurs collaborations à l'étranger.

 

Rétrofuturistes tout simplement. Photo Michel Sayegh

 

Rétrofuturiste
Leur style, quant à lui, est clairement défini depuis le départ: «rétrofuturiste», luxueux et donc, forcément, en éditions limitées.
Un code-maison parfaitement illustré par les différentes pièces qui composent cette collection «Loulou/Hoda». «Pour la conception de laquelle nous sommes partis d'une approche très personnelle de l'identité libanaise», expliquent, à mots mêlés, David et Nicolas.
«En fait, nous nous sommes interrogés sur ce qui fait, à nos yeux, l'identité libanaise, en remontant les différentes époques (croisée, ottomane, mandat français...) jusqu'à celle de nos grands-parents». Et c'est justement en retrouvant chez ces derniers un commun mélange de mobilier aux styles et provenances diverses – «de la bergère française, au lustre vénitien, en passant par l'inévitable tapis persan, l'échelle mobile, le tabouret de paille tressé ou encore la cruche en verre...» – qu'ils ont fini par réaliser que «l'identité libanaise est tout simplement un mix, un panachage d'identités et de cultures multiples».
Ils en ont tiré une collection de pièces «sculptées» dans du laiton pur, du bois de noyer, du marbre, du verre... Parfois rehaussées d'une touche d'or. D'autres fois «habillées» de cuir aux entournures. Un cuir bleu – leur couleur fétiche – posé par touches surprenantes, inattendues, luxueuses sur les barres verticales d'une échelle, sur les piétements en métal tubulaire d'une table à tréteaux ou encore sur le manche mais aussi en pochette latérale d'une table roulante... Comme aussi, de manière plus classique en revêtement d'une chaise à bascule à la silhouette très fifties.
Mais ce qui fait l'âme d'une maison, c'est aussi une foule de petits objets utilitaires et apparemment anodins, comme une cane posée dans un coin, un cache-briquet traînant sur une table ou encore ces bougeoirs à anse cuivre satiné (évocateurs des temps de guerre et d'ailleurs toujours aussi indispensables dans un pays éternellement en panne de courant) que le duo a eu envie de réinterpréter tout simplement en version modernisée. Tout comme ces cruches en verre, dont ils ont allongé le goulot et estampillé la base d'une empreinte d'or, leur donnant du coup des allures de carafes d'une élégance évidente.
Une élégance intemporelle, que l'on retrouve aussi dans leur série de tabourets triangulaires à l'assise en... papier brun tressé sur piétement en bois et laiton ou dans cette autre de tables d'appoint, triangulaires également, en marbre blanc sur bois et laiton. Sans compter ce magnifique lustre en cuivre et chrome, d'allure «rétro-cyber-futuriste», qui constitue le point d'orgue de cette exposition de design... «libanais de conception», mais essentiellement produit dans des ateliers en Italie (ce qui correspond bien à ce mélange d'importé et de local qui fait la patte «libanaise»!) À l'exclusion d'un magnifique tapis tout en lignes diagonales parsemées de points de crochet en or, réalisé, lui, à Hong Kong ainsi que d'un étui à briquet et de chapelets en argent massif plaqué or (deux éléments que l'on retrouve souvent dans les intérieurs libanais bourgeois un peu datés) exécutés au Liban par des artisans-joailliers arméniens. L'ensemble (réalisé avec le support de House of Today et Over the Counter) est naturellement signé «David/Nicolas». Et vaut le détour par la galerie Art Factum.
Jusqu'au 31 janvier 2015.

*La Quarantaine (près Sleep Comfort). Horaires d'ouverture : du lundi au vendredi, de 12h à 19h ; samedi, de 14h à 17h. Tél. 01-443263.

Qu'y a-t-il de commun entre une cruche, une canne, un lustre, une échelle, un étui à briquet et un rocking-chair? «Il s'agit de meubles et d'objets que l'on retrouve fréquemment dans les intérieurs de nos grands-mères», assurent les designers David Raffoul et Nicolas Moussalem.Lesquels, partant de ce constat, ont conçu, pour leur toute première exposition individuelle, une collection...

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