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Culture - Exposition

Élie Bourgély, un maraudeur de l’art

Ludique et grave est cette expo d'Élie Bourgély à la galerie Janine Rubeiz*. Quatorze « assemblages » et quatre dessins pour un monde touché par la grâce de l'enfance et l'angoisse de l'âge adulte.

«L’antichambre de la maraude» (2014), 221 x 122 cm.

Paix et tourmente pour des couleurs et des objets insolites qui parlent de l'inextricable labyrinthe de la vie.
Plus d'une dizaine d'événements devancent ces dernières créations. À 54 ans, cheveux noirs, barbe de pope plus sel que poivre, les yeux rieurs, Élie Bourgély trace, avec quelque fébrilité et un brin d'amusement, son bonhomme de chemin. «En maraudant», dit-il avec le sourire, et d'expliquer: «Ce que je trouve, je prends... Un maraudeur de l'art... Je suis un ogre de l'usé.» Comme un Petit Poucet qui prend des cailloux pour mieux se retrouver. Et pour mieux forger un univers qui explique ou libère des interrogations profondes et des peurs. À mi-chemin aussi entre exaltation de la liberté et la joie de vivre.
Architecte tombé depuis toujours dans le chaudron de la peinture, l'artiste de dire, quand on lui demande «pourquoi justement la peinture»?: «Parce que je ne suis bon qu'à ça!» Paraphrase de Samuel Beckett qui répondait ainsi quand on lui posait la question «pourquoi écrivez-vous»? Boutade et pirouette sans doute, car Bourgély avoue par ailleurs, plus sérieusement, que «la peinture est vecteur de réflexion».
Dans des espaces, réduits ou relativement grands, les tableaux naissent dans la marge d'une «compartimentation» (l'obsession de la structure est une des marottes de l'artiste bricoleur) soigneusement fignolée. Même les cadres en bois des œuvres présentées sont rabotés et lissés dans l'atelier de l'artiste qui ne laisse rien au hasard.
En toute précision et finesse il aligne cailloux, morceaux de bâche, rondelles en métal, joujoux subtilisés aux trésors de jeux des mioches, dessins d'escargots, d'oisillons, des bouts d'étoffe, de la sciure... Cela donne un univers coloré (prédominance du bleu, des rouge ocre, des camaïeux de tons de sable), construit comme un Lego échappé vers une dimension où l'être bataille avec l'inconnu. Et les agressions de toutes sortes du quotidien. Avec une pointe d'humour, un soupçon d'ironie. Un peu à la Folon. Pour une soif de certitude, de sécurité, d'échappée belle, de liberté.
Il ne faut pas l'oublier, Bourgély est enfant de la guerre et de Aïn el-Remaneh où les premiers combats ont donné le signe aux innommables carnages fratricides... Et cette violence, jamais occultée, jamais effacée transparaît dans ces images, faussement innocentes ou badines, comptines étranges, venues d'un imaginaire jamais apaisé, jamais rassuré.
Des constructions qui s'échafaudent en toute subtilité, avec des personnages aux mouvements acrobatiques, des objets paraissant incongrus ou des décors entre rêves et cauchemars. Jeux, direz-vous? Certes, mais le dernier mot est à l'artiste, pour céder une dernière clef, pour éluder tout mystère: «Si j'emprunte des objets aux tas des jouets des enfants, c'est pour mieux éclairer toute démarche dans la vie. N'est-ce pas là, dans cet univers puéril, qu'on appréhende l'univers? C'est là qu'on découvre la limite des choses. Par exemple, qu'est-ce qui fait mal et où et quand s'arrêter...».

*Jusqu'au 21 novembre 2014.

Paix et tourmente pour des couleurs et des objets insolites qui parlent de l'inextricable labyrinthe de la vie.Plus d'une dizaine d'événements devancent ces dernières créations. À 54 ans, cheveux noirs, barbe de pope plus sel que poivre, les yeux rieurs, Élie Bourgély trace, avec quelque fébrilité et un brin d'amusement, son bonhomme de chemin. «En maraudant», dit-il avec le sourire,...

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