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Liban - Liban

Vitrine des mamelouks, les vieux souks de Tripoli pâtissent des combats

Une cinquantaine de magasins réduits en cendres et quelque 200 autres endommagés, au sein de la vieille ville, inscrite sur la liste du patrimoine mondial.

Ce qui reste d’un magasin dévasté par les projectiles. Photo Trablos TV

Les affrontements qui ont éclaté entre l'armée libanaise et des islamistes armés sont les premiers de cette ampleur dans le centre historique de la capitale du Nord. Les combats qui se sont déroulés dans les vieux souks où les éléments armés s'étaient retranchés ont ravagé une partie de ces lieux historiques. « Souk al-Arid qui réunit une grande majorité des commerces est particulièrement endommagé, a déclaré à L'Orient-Le Jour Nader Ghazal, président du conseil municipal de Tripoli. Les dégâts matériels sont importants. On peut les évaluer à des millions de dollars. »


Relié d'une part à souk al-Nahassine et de l'autre à celui des Bijoutiers, « souk al-Arid a été pris exprès pour cible », a enchaîné Nader Ghazal, ajoutant que « toutes ces destructions sont un coup supplémentaire à l'économie de Tripoli ». Le président de la municipalité a également lancé un appel au Premier ministre Tammam Salam pour mettre en place un plan de développement pour cette ville longtemps laissée à l'abandon. Quant à Ramzi Nohra, mohafez du Liban-Nord, il a demandé un recensement rapide des dégâts et appelé à une indemnisation de tous les commerces. Pour sa part, Rony Araiji, ministre de la Culture qui chapeaute la Direction générale des antiquités, préfère attendre une sérieuse accalmie avant de dépêcher sur les lieux le responsable local de la DGA afin d'inspecter l'état des monuments.

 

(Reportage : La mort, la peur, l'exode et de vieux souks dévastés)


En attendant, une source qui a voulu garder l'anonymat fait état d'une cinquantaine de magasins réduits en cendres et de quelque 200 autres endommagés, au sein de la vieille ville, inscrite sur la liste du patrimoine mondial. En effet, « les dégâts sont énormes », déclare à L'Orient-Le Jour Khaled Tadmouri, conseiller municipal chargé du patrimoine. Il signale de nombreuses destructions, notamment dans les souks des Nahassine, des Kindarjieh et des Attarine (parfumeurs), ainsi que dans le quartier de la mosquée Mansour al-Kabir (construite en 1291). La façade du vieux sérail dit « al-Atik » est criblée de balles. Le mazar Sayidat Younès (datant des croisés) et certaines anciennes demeures comme celles des Adra et Chami ont été pris sous un déluge de projectiles. Tadmouri rappelle également qu'à Bab el-Tebbaneh, la rue de Syrie, bordée de souk el-Qameh (blé) et d'une trentaine de khans datant de la fin du XIXe siècle, est minée par les conflits depuis des années. « La situation est dramatique. On est en train de détruire un musée à ciel ouvert », lâche-t-il.

 

(Pour mémoire: À la découverte du riche patrimoine historique, oublié, de Tripoli)

 

Une mosaïque de monuments
Situés au pied de l'imposant château de Saint-Gilles, les vieux souks de Tripoli sont un des fleurons du patrimoine libanais. Ils font partie de la vieille cité construite en 1289 par le sultan mamelouk Qalaoun, puis agrandie par les Ottomans. Dans ses dédales, une mosaïque de souks, khans, hammams, mosquées et madrassas (écoles coraniques) livrent un magnifique ensemble architectural. En plus, ses souks vieux de plus de 700 ans sont considérés comme les plus importants du Liban, car ils ont conservé leur tissu urbain et sont habités jusqu'à aujourd'hui, alors que les centres des autres villes ont été détruits au cours de la guerre civile, ou encore envahis par le béton.


Rappelons qu'il y a une dizaine d'années, un prêt a été accordé par la Banque mondiale, la France et l'Italie pour la promotion du patrimoine culturel et du développement urbain des sites historiques. Placé sous la houlette de la DGA et du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), le projet intitulé « Culture Heritage and Urban Development (CHUD) » a déjà permis l'aménagement du château de Saint-Gilles, la restauration de khan al-Askar et de souk al-Nahassine, le ravalement des façades du quartier nord et des travaux d'infrastructure. La mise à exécution des autres plans prévus, tel l'aménagement des berges du fleuve Abou Ali, attendent que la situation sur le terrain se décante.


Dans l'intervalle, le projet CHUD avait déclenché une série de projets, pour ne citer que la réhabilitation d'une partie du souk el-Bazerkan par la Fondation Issam Farès, en coordination avec la municipalité et la Direction générale des antiquités. Du souk Haraj par le gouvernement allemand et de khan al-Khayatine par le gouvernement espagnol. Grâce à un don koweïtien, le CDR s'était chargé de la rénovation du hammam Ezzeddine. Et la restauration des façades des bâtiments d'une partie du quartier Haddadine a été financée par l'association al-Azm wal-Saada, fondée par l'ancien Premier ministre Nagib Mikati. En bref, la dynamique enregistrée était de bon augure... Malheureusement, la guerre de Syrie a débordé, minant la deuxième ville du Liban.

 

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Les affrontements qui ont éclaté entre l'armée libanaise et des islamistes armés sont les premiers de cette ampleur dans le centre historique de la capitale du Nord. Les combats qui se sont déroulés dans les vieux souks où les éléments armés s'étaient retranchés ont ravagé une partie de ces lieux historiques. « Souk al-Arid qui réunit une grande majorité des commerces est...

commentaires (2)

CES VIEUX SOUKS DANS LE PASSÉ AVAIENT LEUR BEAUTÉ. SOUK IL LA77AMIN... SOUK IL KHIDRA... SOUK IL BAZIRKEN... SOUK IL N7ASS... SOUL IL 3ATTARINE... ET EN LES REMONTANT À GAUCHE ON ACCÉDAIT À BEB IL TEBBANÉ POUR ACHETER UNE CAGE OU QUELQUE OISEAU... C'ÉTAIT LE PRINTEMPS !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 29, le 28 octobre 2014

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Commentaires (2)

  • CES VIEUX SOUKS DANS LE PASSÉ AVAIENT LEUR BEAUTÉ. SOUK IL LA77AMIN... SOUK IL KHIDRA... SOUK IL BAZIRKEN... SOUK IL N7ASS... SOUL IL 3ATTARINE... ET EN LES REMONTANT À GAUCHE ON ACCÉDAIT À BEB IL TEBBANÉ POUR ACHETER UNE CAGE OU QUELQUE OISEAU... C'ÉTAIT LE PRINTEMPS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 29, le 28 octobre 2014

  • Les bonnes pâtisseries de Tripoli qui pâtissent des combats contre le terrorisme salafowahabite , savent que pour faire une excellente omelette il faut casser des œufs , c'est pareille pour les excellentes douceurs que cette région va avoir à nous régaler dans l'avenir .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 10, le 28 octobre 2014

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