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Liban - Droits de l’homme

Un outil de travail pour détecter la traite humaine à Beyrouth

Un livret énumérant les cas indicateurs de crimes d'exploitation d'êtres humains a été lancé hier au siège de l'ordre des avocats, qui a réalisé cet outil financé par l'ambassade des États-Unis.

De g. à d., David Hale, Georges Joreige, Élisabeth Sioufi et Ramzi Jreige. Photo Ibrahim Tawil

C'est depuis 2011 que le Liban punit la traite des êtres humains à travers la loi 164/2011, qui décrit ce crime comme étant celui « de donner refuge, d'accueillir, de détenir ou de déplacer une personne en vue de permettre son exploitation par d'autres êtres humains, et cela par l'usage de la force, de la duperie, du rapt ou en échange d'argent ». Et si ladite loi énumère les actes assimilables à l'« exploitation d'un être humain », les autorités chargées de combattre ce fléau peinent souvent à identifier les victimes de ce genre de crimes.

C'est dans ce contexte que l'Institut des droits de l'homme au sein de l'ordre des avocats de Beyrouth a préparé un livret énumérant les cas et indicateurs pratiques révélateurs de ce genre de crimes. Un outil financé par l'ambassade des États-Unis, engagés activement dans la lutte contre la traite humaine, qui a été lancé hier à la Maison de l'Avocat à Beyrouth, en présence du ministre de l'Information Ramzi Jreige, de figures de la société civile et de représentants des différents ministères et services de sécurité qui ont participé au projet.

« Il est temps de passer du texte à l'application, a déclaré dans son allocution Me Élisabeth Zakharia Sioufi, directrice de l'Institut des droits de l'homme au barreau de Beyrouth. Nous remercions les ministères du Travail, de la Justice et des Affaires sociales, le commandement de l'armée, la Sûreté générale et les Forces de sécurité intérieure, qui ont tous participé à la rédaction du livret. »
« La loi est relativement récente et ce livret permettra aux officiers et aux professionnels concernés par la traite humaine de devenir plus familiers avec ces cas. Il faudra attendre encore un peu toutefois avant d'avoir des chiffres concernant ces crimes au Liban », a-t-elle également expliqué à L'Orient-Le Jour, assurant que la loi 164/2011 protège les victimes de la traite humaine, qui ne doivent pas être considérées comme des criminels, et protège les témoins aussi.

(Lire aussi : Entre sexe et argent, la prostitution, un véritable fléau au Liban !)

 

Vingt millions de victimes dans le monde
Étant à l'origine du projet, Me Sioufi a ensuite présenté brièvement le contenu du livret, exposant les cas humains les plus courants qui cachent souvent un crime de traite humaine et qui devraient mettre les autorités et officiers en état d'alerte. Parmi ces derniers, figurent par exemple les conditions de vie difficiles, l'appartenance à une catégorie vulnérable de la société, des conditions mauvaises de travail impliquant le blocage des salaires ou le travail en dehors des heures légales, l'isolation d'une personne du monde extérieur, la confiscation des papiers d'identité, l'exploitation de mineurs pour la prostitution, la participation au tournage de films porno, le mariage précoce, les mariages factices, la violence physique et morale, le port d'armes par des enfants et la participation de ces derniers aux activités de groupuscules armés. Tous ces cas devraient dorénavant alerter les personnes concernées qu'un crime de traite humaine pourrait bien être identifié, d'où la possibilité de recourir à la loi 164.

De son côté, le bâtonnier de Beyrouth Georges Joreige a noté hier que les crimes de traite humaine sont des crimes qui nécessitent la prise de mesures préventives pour empêcher leur survenue, d'où l'importance de les détecter au plus tôt au moyen des indicateurs cités dans le livret. « Il ne suffit pas d'avoir un texte de loi ; encore faut-il l'appliquer, a-t-il affirmé. La lutte contre ces crimes nécessite également le soutien et la coopération de la communauté internationale à l'égard des pays laxistes en matière des droits de l'homme. »

(Lire aussi : 700 millions de femmes mariées de force, l'Unicef appelle à agir)



Pour sa part, l'ambassadeur des États-Unis David Hale a salué les « efforts énormes déployés par l'Institut des droits de l'homme du barreau de Beyrouth ». « J'ai eu la chance de découvrir la situation des droits de l'homme au Liban grâce à cet institut en 1992. La lutte pour ces droits ne connaît pas de frontières, ni de race, ni de religion, ni même de nationalité. Elle devrait englober non seulement les Libanais mais aussi tous ceux qui se sont invités au Liban. Dans le monde aujourd'hui, plus de 20 millions de personnes sont victimes de la traite humaine et les États-Unis ne sont pas à l'abri de ce fléau. Le secrétaire d'État John Kerry a ainsi récemment appelé à combattre l'esclavage dans sa forme moderne et le trafic d'êtres humains. Et nous espérons que le Liban pourra vivre comme il se doit l'héritage de Charles Malek. »

La rencontre a été enfin clôturée par un bref exposé donné par le colonel Élie Asmar, chef du département de recherche et d'études au sein des FSI. Le colonel Asmar a ainsi noté que la violence domestique, les cas d'endettement financier, le travail de non-Libanais sans papiers d'identité et les cas de détention et de surveillance de personnes cachent souvent des cas de traite humaine qu'il est nécessaire d'examiner. « Le mariage précoce n'est pas toujours un crime d'exploitation humaine, mais il peut cacher un crime de prostitution surtout quand il s'agit d'un mariage factice », a-t-il également indiqué.

 

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