C'est à 22 heures que la mort de Abdel Nasser a été connue au Liban.
Aussitôt, et avant même que la radio et la télévision interrompent leurs émissions pour annoncer la nouvelle, une fusillade sans précédent (accompagnée de l'explosion de nombreux bâtons de dynamite) éclate, un peu partout, notamment dans les quartiers ouest, en signe de deuil.
En même temps, dans toutes les mosquées, ainsi que sur les ondes, commence la récitation des versets du Coran, cependant que les cloches des églises sonnent le glas.
Moins d'un quart d'heure après, des groupes se réclamant du nassérisme descendront dans la rue, faisant évacuer les salles de cinéma, baissant les stores sur les cafés, bars et établissements encore ouverts, et obligeant les automobilistes, par la force, à éteindre leurs phares. Boulevard Mazraa, pneus et débris divers brûlent en travers de la chaussée et tiennent lieu de barricades.
À Basta et à Tarik Jdidé, des dizaines de femmes, se lamentant et pleurant, lacèrent leurs vêtements et se roulent par terre.
À partir de 11 heures, des convois de voitures sillonnent les rues, transportant des jeunes gens (...).
On apprendra, un peu plus tard, qu'il s'est produit de nombreux évanouissements, dus à la violence du chagrin ressenti, et que plusieurs personnes ont été transportées sans connaissance à l'hôpital.
(...) Le président Nasser a succombé à l'attaque cardiaque. Le chef de la RAU se trouvait en sa résidence des environs du Caire. L'annonce du décès a été faite à la radio du Caire par le vice-président Anouar el-Sadate. Ce dernier a précisé que la crise cardiaque avait frappé le président Nasser (...), alors qu'il rentrait chez lui après avoir pris les dernières dispositions relatives à l'accord conclu la veille par les souverains et chefs d'État sur la crise jordanienne.
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