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Mode - Hommage

Yves Carcelle, une certaine vision du luxe

Yves Carcelle.

J'ai rencontré pour la première fois l'ancien PDG de Louis Vuitton à l'occasion de l'ouverture de la boutique Louis Vuitton à Beyrouth. Une fête extraordinaire avait été organisée ce soir-là dans la fameuse « bulle », cet ancien cinéma en forme d'œuf de ciment décati. Yves Carcelle, visiblement heureux et fier de se trouver dans cette ville improbable et d'y inaugurer une enseigne de plus pour sa « Maison », n'affichait aucune inquiétude sur l'avenir de la boutique, mieux, il était confiant. Infatigable voyageur, il m'avait même affirmé que c'était l'un des plus beaux jours de sa carrière, avec celui de l'inauguration, l'année précédente, d'une boutique à Oulan-Bator, en Mongolie. Ce business man d'un genre particulier, affable et « si près du cœur », comme on dit chez nous, avait une telle foi en l'avenir et une telle certitude quant à la passion de l'humanité pour le beau et le bon qu'il se montrait prêt à semer le monogramme du célèbre maroquinier au cœur des jungles les plus impraticables. Conquérant, il l'était à force d'optimisme et son approche atypique des marchés les plus difficiles se résumait à une qualité majeure en plus du flair et de la compétence : le sens de l'amitié. Polytechnicien, ancien de l'Insead, il avait fait ses armes chez Spontex et adorait raconter comment il est passé des serpillères à la haute couture et de l'essuie-vitres à la maroquinerie fine : sans transition, avec les mêmes armes. Ce visionnaire a su s'attacher le génie de Marc Jacobs qui lui-même a fait appel à la folle créativité de l'artiste japonais Takashi Murakami, puis de Yayoï Kusama, pour transformer une bête toile cirée en objet de désir et la mettre à l'abri de la contrefaçon. C'est lors de l'inauguration de la boutique de Amman qu'il a annoncé à la presse son intention de quitter son poste. « Pour prendre le temps de vivre et de voir grandir mon plus jeune fils », nous avait-il confié. Il attendait avec excitation que prenne forme le bâtiment conçu par l'architecte Franck Gehry de la Fondation Louis Vuitton à Paris, sur le site du Jardin d'Acclimatation. Vice-président de la Fondation d'entreprise Louis Vuitton pour la création, il n'aura pas le bonheur d'assister à l'inauguration, en octobre, de ce navire amiral qui incarne dans ses lignes futuristes la vision de ce PDG hors du commun. Un gentleman aussi brillant que modeste, dont le talent est d'avoir su faire rayonner une marque de luxe en pressentant les aspirations et les goûts de ses contemporains. En rendant populaire l'inaccessible. Il est décédé le 31 août des suites d'un cancer, mais laisse le souvenir d'une très belle figure du management créatif.

F.A.D.

J'ai rencontré pour la première fois l'ancien PDG de Louis Vuitton à l'occasion de l'ouverture de la boutique Louis Vuitton à Beyrouth. Une fête extraordinaire avait été organisée ce soir-là dans la fameuse « bulle », cet ancien cinéma en forme d'œuf de ciment décati. Yves Carcelle, visiblement heureux et fier de se trouver dans cette ville improbable et d'y inaugurer une enseigne...

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