Le bloc du Changement et de la Réforme a replacé hier la crise présidentielle au Liban dans le cadre de l'offensive contre les chrétiens dans la région, à la lumière notamment des exactions commises par l'État islamique en Irak et en Syrie. Selon le bloc, réuni hier à Rabieh sous la présidence de son chef, le député Michel Aoun, les chrétiens sont « victimes d'une épuration de Mossoul à Kassab, en passant par le palais de Baabda... », et les parties locales font du « daechisme politique » à leur encontre.
Prenant la parole à l'issue de la réunion, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a estimé que « les chrétiens du Liban se sentent concernés par ce qui se passe avec leurs frères en Irak, en Syrie et en Palestine ». « Finalement, a-t-il dit, ce qui se passe avec les chrétiens dans les pays voisins et au Liban où ils subissent une marginalisation politique vise à détruire l'identité du Machrek, puisque les chrétiens d'Orient sont systématiquement visés par Daech et al-Nosra dans un objectif clair d'éliminer leur identité, leur rôle et même leur existence. »
Gebran Bassil a rappelé que le Front al-Nosra et Daech sont en train de « s'installer au Liban et de faire de la prison de Roumié leur quartier général ». Le ministre a ajouté que « si l'on regarde alentour, les chrétiens sont chassés de Palestine par Israël dans l'impuissance quasi totale ; en Syrie, ils sont tués et poussés à l'exode par les groupes takfiristes avec l'encouragement de la communauté internationale ; en Irak, c'est le même processus, mais cette fois le pouvoir est perdu entre le centre et la région kurde ». « Et avec cela, a-t-il dit, on nous demande de nous taire. »
Le ministre des Affaires étrangères, qui avait effectué une visite éclair en Irak, a affirmé que ce qui se passe ne menace pas seulement les chrétiens de la région, mais le monde entier. « Je voudrais aussi alerter les musulmans, a lancé le ministre, car ce qui se passe est aussi une menace encore plus grave pour eux, puisque ce dont il est question, c'est l'homme, dans sa moralité et dans sa diversité. »
Gebran Bassil a ajouté qu'au Liban, le terrorisme est en train de s'infiltrer sous le couvert de la religion et des réfugiés dans certains lieux où ils se trouvent. « Si nous crions au nom de tous les Libanais, nous sommes aussitôt accusés de racisme et d'absence d'humanité. Des groupes libanais extrémistes attaquent nos citoyens et nos soldats. Nous appelons à des mesures urgentes comme déclarer la région zone militaire et aussitôt on nous accuse d'incitation à la violence, tout en prenant le parti des groupes extrémistes contre nous. »
M. Bassil a déclaré que lui et le groupe auquel il appartient sont combattus à cause de leur appartenance au Liban et parce qu'ils œuvrent pour l'émergence d'un État civil, et non parce qu'ils servent les intérêts d'un État étranger. « Le déséquilibre en défaveur des chrétiens est justifié par le fait que ceux-ci ne prennent pas d'initiatives, mais ils ne veulent pas voir que ce sont eux qui ont tué cet esprit d'initiative chez les chrétiens, par leur amour du pouvoir et leur esprit milicien qui a complètement paralysé l'État et ses institutions », a-t-il dit.
Le ministre a encore mis l'accent sur le fait que son camp est combattu au sein de l'État « parce que justement il veut édifier des institutions non des boutiques. C'est ainsi que les journaliers d'EDL s'en prennent à ce camp ». De même que tous ses efforts, tous les plans qu'il établit, tous les projets qu'il lance pour dynamiser les institutions sont paralysés et bloqués. Il cite, à cet égard, ses propres projets au ministère des Télécoms et au ministère de l'Énergie, notamment les plans de construction de barrages qui auraient épargné au Liban la pénurie d'eau actuelle...
Gebran Bassil a encore évoqué la loi électorale et le refus, sous n'importe quel prétexte, de réparer l'injustice faite aux chrétiens, à travers l'adoption d'une parité réelle et non seulement théorique...
Abordant la présidence, il a estimé que non seulement ses prérogatives ont été réduites, mais que, de plus, « des candidats sont choisis qui sont eux-mêmes trop petits » pour pouvoir exercer les quelques prérogatives restantes. « Les chrétiens font compromis sur compromis pour en principe sauver cette fonction. Ils cèdent sur la loi électorale, sur la représentativité au sein du gouvernement et de l'administration... », a-t-il poursuivi.
« Nous résistons pour recouvrer la position, et c'est nous qui sommes aussitôt accusés de paralyser. Pourtant, c'est eux qui ont paralysé le poste et qui veulent maintenant bloquer celui qui l'occupe. Ils pensent que leurs accusations vont nous dissuader de résister. Ils ne comprennent pas quel genre de résistants nous sommes. C'est notre avenir et de ceux que nous représentons qui est en jeu, au moment où nous sommes victime d'une épuration qui passe par Mossoul, Kassab et le palais de Baabda. Cette épuration au Liban est morale et vise tout ce que nous représentons. Il s'agit de daechisme politique. Les parties locales sont invitées à cesser de la pratiquer et les parties étrangères à ne pas les couvrir », a estimé le chef de la diplomatie.
« Nous ne pleurons pas et ne nous lamentons pas. Nous décrivons ce que nous subissons et résistons, pour que l'opinion publique entre dans la confrontation avec nous. Nous ne sommes pas des clochards qui nous lamentons, mais des résistants », a-t-il ajouté.
Selon lui, dans la région, les chrétiens subissent une « liquidation physique et au Liban, elle est politique et psychologique ». « Il faut donc briser le silence et il faut que cesse cette persécution systématique des chrétiens dans la région, d'autant que si elle atteint ses objectifs, c'est toute la chrétienté dans le monde qui en pâtira car elle aura perdu son essence et son humanité », a-t-il noté.
Gebran Bassil a conclu cette allocution, qui se veut une sorte de document sur la situation des chrétiens, par un appel au Vatican et à l'Occident, les invitant à réagir pour « empêcher que l'Orient soit vidé de ses chrétiens et pour châtier les coupables de cette persécution ».
Liban
Bassil : De Mossoul au palais de Baabda, nous sommes victimes d’une épuration...
OLJ / le 21 août 2014 à 00h00
ABRUTIS CHEFS CHRÉTIENS... UNISSEZ-VOUS ! REDEVENEZ DES FORCES !!!
16 h 50, le 22 août 2014