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Les Syriens se préparent à voter dans les zones tenues par le régime

« L’Occident semble plus intéressé à gérer le conflit qu’à aider l’opposition »

Impuissants, les opposants au régime Assad assistent à son maintien au pouvoir, tout en appelant les Syriens à boycotter le scrutin.

« Bachar, ta place est ici », écrit l’artiste Jumaa sur certaines bennes à ordures, devenues parodies d’urnes. Zein el-Rifai / AFP

Les rebelles divisés et leurs parrains étrangers assistent, incrédules, à l'organisation par le régime d'une élection qui aboutira au maintien au pouvoir de leur ennemi Bachar el-Assad, indéboulonnable malgré trois ans de guerre.
Le scrutin vise à démontrer que M. Assad et ses alliés sont convaincus de remporter cette guerre, quitte à tuer le mince espoir de parvenir à une solution politique, affirment opposants et rebelles. « Il y a deux ans, nous pensions tous qu'il était impossible que le régime se maintienne jusqu'aux élections de 2014. Je n'arrive vraiment pas à croire ce qui se passe », confie Thaer, un militant de Homs, ville surnommée jadis « capitale de la révolution » et où aujourd'hui la rébellion a été éradiquée. « Nous étions bien plus forts quand la révolution a commencé. Le mouvement était pacifique et important et nos espoirs étaient grands », explique-t-il.
Un commandant rebelle de la province de Damas, Sélim Hejazi, partage cet avis. Pour lui, si le régime est à même de tenir cette élection aujourd'hui, c'est à cause des divisions endémiques de l'opposition, son manque de leadership et le manque de soutien de la communauté internationale. « Ce n'est pas que la communauté internationale est paralysée, c'est en vérité qu'elle ne veut pas nous aider », assure-t-il. Pendant que l'armée loyale à Bachar el-Assad reçoit une assistance militaire et financière de Moscou et Téhéran, le soutien à la rébellion de ses parrains qatari, saoudien, turc ou occidental est pour le moins chaotique. Le rebelle cite aussi « la désorganisation permanente et le fractionnisme dans les rangs de l'opposition armée ». Pour Samir Nashar, adversaire de longue date de la famille Assad et aujourd'hui membre de la Coalition de l'opposition, cette peur occidentale a maintenu l'opposition en position de faiblesse. « L'Occident semble plus intéressé à gérer le conflit qu'à aider l'opposition », assure l'opposant de Turquie. De même, le chef de l'opposition Ahmad Jarba a appelé les Syriens à « rester chez eux » aujourd'hui, dans un discours diffusé via la chaîne satellitaire arabe al-Arabiyya. M. Jarba a également mis en garde contre des attaques que mènerait le régime le jour du scrutin. « Le régime syrien, habitué aux bains de sang, prépare le jour du référendum maudit une série d'attentats et de bombardements sur les bureaux dits de vote, grâce à ses cliques, ses mercenaires et ses terroristes », a-t-il assuré.

Campagnes anti-Assad tous azimuts
En attendant, usant force humour et dénonciation féroce, l'opposition mène campagne dans la rue et sur la toile contre l'« élection du sang ». Dans un quartier rebelle d'Alep, des bennes à ordure ont été peintes en blanc et transformées en urnes électorales factices et gigantesques, symboles d'une élection jouée d'avance, dénoncée comme une « farce » par l'opposition et ses alliés occidentaux. « Déposez votre vote ici », a écrit en grand et en couleurs vives le jeune artiste Jumaa sur les bennes devenues parodies d'urnes. « Nous te jetons à la poubelle, Bachar », « Bachar, ta place est ici », écrit-il sur d'autres bennes, alors que les habitants du quartier, au passage, y jettent leurs ordures.
D'autres campagnes ont été lancées pour dénoncer le scrutin, certaines devenant virales sur Internet. L'une d'elles est intitulée « Les élections du sang ». Son logo montre une main déposant un bulletin de vote dans un baril d'explosifs débordant de sang et flanqué du symbole des armes chimiques. « Assad a tué tellement de gens qu'il n'y a aucune logique à ce qu'il demeure président », déclare Susan Ahmad, une des organisatrices de la campagne « Les élections du sang ». Cette campagne a débordé des zones tenues par les rebelles et des militants ont pris d'énormes risques en distribuant des tracts dans des parties de Damas et Hama contrôlées par le régime, a-t-elle ajouté.
Une vidéo amateur sensée avoir été tournée à Hama montre une jeune femme voilée, de dos, en train de déposer sur les pas des portes et les pare-brise des voitures des tracts arborant le logo rouge et jaune de la campagne. D'autres militants font aussi passer leur message en vidéo. Dayaa al-Tase, un groupe dont le nom signifie « une situation folle », a réalisé un court-métrage partagé plusieurs milliers de fois sur YouTube.
Par ailleurs, les trois quarts des réfugiés syriens jugent « illégitime » l'élection présidentielle dans leur pays, selon un sondage publié hier à Amman. Ce sondage a été réalisé par l'Arab Center for Research and Policy Studies (ACRPS) auprès de 5 267 réfugiés dans des camps ou des villes de Turquie, de Jordanie et de Liban.
(Source : AFP)

Les rebelles divisés et leurs parrains étrangers assistent, incrédules, à l'organisation par le régime d'une élection qui aboutira au maintien au pouvoir de leur ennemi Bachar el-Assad, indéboulonnable malgré trois ans de guerre.Le scrutin vise à démontrer que M. Assad et ses alliés sont convaincus de remporter cette guerre, quitte à tuer le mince espoir de parvenir à une solution...