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Culture - Cimaises

Britt Boutros-Ghali et son dédoublement pictural

Étonnante rencontre à la galerie Syra à Washington avec de très beaux portraits de femmes égyptiennes. Pourtant la signature est norvégienne.

Britt Boutros Ghali.

Elles sont hautes en couleur et en expression, et telles qu'en elles-mêmes dans leur environnement. L'artiste, qui a si bien capté cette réalité, appartient pourtant à un monde totalement opposé. Issue du pays du grand froid et des fjords, elle n'a pas eu, semble-t-il, du mal à se fondre dans les chauds et grouillants paysages du Nil. Répondant au nom de Britt, elle vit depuis plus de 40 ans au Caire en compagnie de son époux, Raïf Boutros-Ghali. Avant d'épouser ce frère du diplomate de renom Boutros Boutros-Ghali, elle avait eu une vie et une riche carrière dans son pays natal, la Norvège, et dans toute l'Europe. Là, elle s'était imposée, dans les années 60 et 70, par ses visions abstraites qu'elle continue à cultiver. De plus, elle est détentrice de l'Ordre de Saint-Olav, la plus grande distinction octroyée par le roi de Norvège, qui a honoré un seul autre artiste, Edvard Munch.
Une fois installée en Égypte, Britt Boutros-Ghali a continué à peindre dans sa veine initiale, mais l'œil également sensibilisé par ses nouveaux horizons. En regardant hors de son studio, installé dans une maison-bateau ancrée sur le Nil, elle se retrouve un jour en train de croquer sur papier et au pastel des visages de femmes. Elle qualifie cet intermède de rafraîchissant et de jeu décoratif. Puis les choses deviennent plus sérieuses quand elle transfère ses petites compositions sur de grands canevas et que les femmes deviennent son obsession.

Une authenticité flamboyante
Elle pénètre alors leur caractère profond à partir de leur apparence riche de formes et de couleurs. Ses pinceaux redonnent à ces Égyptiennes, toutes conditions confondues, une flamboyance tirée de leur authenticité. Il y a ainsi Raffia, qui a enroulé sur sa tête un impressionnant turban fait de trois différents tissus, formant en définitive une coiffe « réminiscente » de celle des pharaons. Oum Adel a opté, elle, pour un savant jeu de rubans multicolores qui se confondent avec sa chevelure, et Mira est toute auréolée de mèches bleutées. Pour celles entrées de plain-pied dans la modernité, telle Wafika, la néofantaisie est de rigueur : lèvres en cœur rouge vif, une rose piquée dans des cheveux courts, collier de perles et col volanté.
Ces portraits encadrent des personnalités féminines qui ne se mettent pas de limites. Ce sont des caractères forts qui, néanmoins, véhiculent charme et harmonie, et qui semblent dire, chacun est responsable de sa propre vie. Une vie que toute une chacune structure à partir de grandes possibilités. Et c'est là leur force.
Pour l'artiste, ces portraits représentent la femme égyptienne toujours résolue. « Elle est certes coquette et aime être bien mise. Elle se cache derrière cette apparence comme pour ne pas dévoiler qui elle est réellement, tout en dégageant une confiance en elle-même. Elle joue de l'intrigue, de l'effet de surprise et de l'audace au regard de son embellissement. C'est de là qu'elle puise sa force. »
Cette galerie de portraits est un moment spécial dans le riche CV de Britt Boutros-Ghali. À ce sujet, elle dit : « Au Caire, j'ai continué à travailler en toute liberté pour exprimer un monde intérieur, comme je l'ai toujours fait. En même temps, je me suis retrouvée perméable au flux propre de la ville, à ses bruits et à ses odeurs. »
Ou la fantastique exploration d'une autre réalité.

Elles sont hautes en couleur et en expression, et telles qu'en elles-mêmes dans leur environnement. L'artiste, qui a si bien capté cette réalité, appartient pourtant à un monde totalement opposé. Issue du pays du grand froid et des fjords, elle n'a pas eu, semble-t-il, du mal à se fondre dans les chauds et grouillants paysages du Nil. Répondant au nom de Britt, elle vit depuis plus de 40...

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