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Culture - Bipod

Des « Miniatures » au « Black-out », la danse en miettes...

Dans tout festival il y a des bémols et des ratés. Inégalités des spectacles en ce maillon de l'événement où deux séances se succèdent en un après-midi. Des « Miniatures » (au Métro) au « Black-out » (au Madina), émiettement de la danse dans tous ses états. Et pas forcément les meilleurs ou les plus convaincants...

«Black-out» de la Cie Saire.

Moment expérimental et exploratoire de la danse dans ces deux spectacles, sans lien apparent ou fil conducteur, hormis ce qui est supposé être la danse. Et la danse, elle, se fait là rare. Avec l'éclatement des mesures et des prosodies de la danse contemporaine de nos jours, on pirouette impunément...
D'abord ces Miniatures (titre emprunté sans doute à la brièveté des saynètes ou des tableaux proposés à la sauvette) groupant trois artistes à l'énoncé et la formulation un peu farfelus et sans
consistance.
Yendi Nammour, visage caché par une tignasse noire, godasse à grosse semelle dans un pied et escarpin rouge à talon aiguille dans l'autre, short et mousseline de mariée sur les fesses et les reins, personnage plus caricatural que mystérieux ou androgyne, se trémousse dans la pénombre. Avec une lampe de poche pour tout éclairage. Sans queue ni tête. Un loupé agité de 11 minutes qui n'arrache même pas un sourire. Ou une interrogation. Inutilement provocant. Si l'on appelle cette mascarade et cette clownerie provocation!
Lui succède Tawfiq Izeddou, un architecte marocain converti à la danse. Cheveux hérissés, fessu, ventru, il se pose en dondon qui se voudrait leste et agile. Il a des grâces plus pathétiques que comiques. Treize minutes de gestuelle en minauderies agaçantes. Avec un chant qui déraille dans les notes élevées, appelant à la patience de Job. Et le public alors, il devrait invoquer qui?
Pour compléter le trio, Arnaud Saury, son jeans, sa chemise à carreaux, ses baskets, son micro et son « laptop ». Fragment d'un discours amoureux pour une liberté sexuelle au partenaire sans choix de genre... La danse n'a rien à voir ici. Car personne ne bouge sur les planches ! Même si l'interactivité de l'interpellation implique un spectateur, en l'occurrence ici un Syrien qui maîtrise l'arabe pour la traduction du français. Amusant à la rigueur, mais cela ne dépasse pas l'improvisation élaborée d'une soirée d'école en fin d'année...
Changement de cap, de ton et d'atmosphère avec Black-out de la Cie Saire. Toujours taillant dans l'expérimental, ce spectacle suisse a de la poigne et vire davantage aux préoccupations de l'art plastique qu'aux mouvements intrinsèques du corps.
Sur la scène, érigée en fosse, une aire où trois jeunes gens en tenue de plage (une femme et deux hommes) se prélassent avec leur serviette au soleil des sunlights. Le public est debout. Nombre limité certes de l'audience, mais quand même un peu en surnombre pour rester 40 minutes sur les jambes. Une spectatrice est tombée même de cette tribune d'infortune sans parapet ni appui ! Vue plongeante sur les protagonistes. C'est dire, en terme de vision, l'implacable d'une destinée et le tragique d'une création où dominent le noir et le blanc.
Plaqués contre le sol, le visage caché de leur main, les trois danseurs sont là, offerts aux regards. Ils exposent leur corps, leur peau, leur mouvement, leur inquiétude, leur angoisse, leur attente. Ils s'exposent tout court dans un rectangle d'une dizaine de mètres carrés. Comme des lions en cage ou des personnages en vitrine. Le soleil les brûle, les traque, les met en lumière. Les tendresses humaines se nouent. Les corps se délient, s'enlacent. Les préférences pointent... Oui l'être vivant est imprévisible. Comme toute créature et toute création. Car, sur leur tête, comme des nuages chargés de pluie, des baquets déversent des granulés noirs. Comme du bitume en pluie. Affolement des corps, de la peau, des sensualités, des sensibilités, des mouvements. Et cet espace devient lieu de collision, d'empoignade, de (dé)structuration et de
glissades.
Se dessinent alors, comme sur une toile, en empreintes et traces, des dessins abstraits, en blanc et noir «soulagien»... Interaction des lignes et des corps qui frétillent, s'élancent, s'arrêtent, fusionnent, se séparent, dérivent... Avec des corps qui s'habillent, comme des cambrioleurs, d'une gaine avec cagoule de mineurs qui s'identifient au noir du ventre de la terre.
Sur fond d'une musique aux vibrations intenses et menaçantes, avec une fanfare qui a l'allure d'une marche funèbre joyeuse, avance cette percée dans un monde qui oscille entre cérémonial de la vie et mise en terre. Demeure cet éclairage saisissant d'un parterre illuminé, recouvert de granules noires et où nagent, presque à contre-courant, trois êtres vivants à la fluidité des poissons... Baroque et puissante vision, même si les corps n'ont pas toute la prééminence de l'expression.

Moment expérimental et exploratoire de la danse dans ces deux spectacles, sans lien apparent ou fil conducteur, hormis ce qui est supposé être la danse. Et la danse, elle, se fait là rare. Avec l'éclatement des mesures et des prosodies de la danse contemporaine de nos jours, on pirouette impunément...D'abord ces Miniatures (titre emprunté sans doute à la brièveté des...

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