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« Il n’y a pas de retour possible à l’ère Moubarak » - Portrait

Abdel Fattah Sissi, nouvelle icône nationaliste

Le maréchal Abdel Fattah Sissi fait l’objet d’un véritable culte de la personnalité. Ses portraits s’étalent partout dans les rues, les commerces, certaines administrations et même sur des tee-shirts. Les premiers fans du maréchal sont les femmes. « N’oubliez pas que c’est un bel homme », déclarait récemment le Premier ministre égyptien, Hazem Beblaoui. Mahmoud Khaled/AFP

Le maréchal Abdel Fattah Sissi est de loin la personnalité la plus populaire d'Égypte, ses partisans le comparant désormais au dirigeant charismatique Gamal Abdel Nasser. Le maréchal Sissi et Gamal Abdel Nasser – lui aussi un militaire –, devenu dans les années 1950 et 1960 le champion du panarabisme et des non-alignés, ont d'ailleurs un point commun : à plusieurs décennies d'écart, ils ont chacun mené une sanglante répression des Frères musulmans. Mais, contrairement à Nasser et à ses discours passionnés, le maréchal Sissi, chef de l'armée mais aussi ministre de la Défense et vice-Premier ministre au sein d'un pouvoir intérimaire qu'il a lui-même installé, s'exprime peu en public mais toujours d'une voix doucereuse, travaillant postures et intonations.
Plus encore, lors du Forum économique mondial à Davos en Suisse il y a quelques jours, le Premier ministre égyptien Hazem Beblaoui a comparé le maréchal Sissi au général de Gaulle et à Eisenhower. Hazem Beblaoui a fermement rejeté l'idée que M. Sissi soit un nouveau Hosni Moubarak. « La différence est grande », a dit le Premier ministre. « Avant que Moubarak se présente à la présidentielle, personne ne le connaissait. Sissi est sous la pression populaire pour se présenter. C'est comme pour de Gaulle, Eisenhower », a-t-il affirmé, se référant ainsi aux héros français et américain de la Seconde Guerre mondiale, arrivés ensuite à la tête de l'État. « Ceux qui militent pour Sissi au pouvoir, ce ne sont pas les militaires, ce sont les gens de la rue, les femmes en premier lieu. N'oubliez pas que c'est un bel homme », a ajouté M. Beblaoui.
Âgé de 59 ans, Abdel Fattah Sissi était entré au gouvernement sous la présidence Morsi en août 2012. Sa nomination avait alimenté de nombreuses spéculations sur une mise au pas de l'armée et sur une possible allégeance des militaires aux nouveaux dirigeants islamistes. Erreur... Maintenant, sa popularité ne cesse de grandir au fil des jours et son portrait s'étale partout : dans les rues, les commerces, certaines administrations. Un ex-chef des renseignements le décrit comme quelqu'un réglant méticuleusement chaque détail et prévoyant les obstacles qui pourraient se dresser sur sa route. Son entourage le décrit comme pieux, et affirme qu'il met un point d'honneur à accomplir ses prières et que son épouse, comme la très grande majorité des Égyptiennes, porte le hijab.

Héros ou assassin ?
Dans un pays régulièrement secoué par des crises et déserté par les touristes depuis la révolution du Nil, le maréchal Sissi incarne l'homme fort capable de faire revenir la stabilité. Samedi 25 janvier, jour du troisième anniversaire de la révolte populaire qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, les Égyptiens étaient venus par milliers sur l'emblématique place Tahrir du Caire pour acclamer leur « héros ». La foule reprenait en chœur : « La police, l'armée et le peuple unis. » Un coran dans une main, une croix dans l'autre, un char en plastique juché sur sa tête, un homme a juré qu'il fera « tout pour soutenir policiers et soldats » contre les Frères musulmans. Mais pour les pro-Morsi, qui continuent de manifester quotidiennement malgré la brutale répression, « Sissi est un assassin ».
Né au Caire en novembre 1954, diplômé en sciences militaires de l'Académie militaire égyptienne en 1977, Abdel Fattah Sissi a ensuite étudié dans une académie militaire britannique en 1992 avant de rejoindre, comme de nombreux officiers égyptiens, une école militaire américaine en 2006, où il a rédigé un mémoire intitulé La démocratie au Moyen-Orient – dans lequel il insiste sur le rôle de l'islam dans la législation notamment. Il est père de quatre enfants, une fille et trois garçons ayant rejoint les rangs de l'armée et dont l'aîné est marié à la fille de l'actuel chef des renseignements militaires.
(Source : AFP)

Le maréchal Abdel Fattah Sissi est de loin la personnalité la plus populaire d'Égypte, ses partisans le comparant désormais au dirigeant charismatique Gamal Abdel Nasser. Le maréchal Sissi et Gamal Abdel Nasser – lui aussi un militaire –, devenu dans les années 1950 et 1960 le champion du panarabisme et des non-alignés, ont d'ailleurs un point commun : à plusieurs décennies...