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Liban

Le regard des chrétiens maronites

Selon le père Richard Abi Saleh, curé de la paroisse Saint-Maron à Gemmayzé et professeur de théologie à l’Université Saint-Joseph et à l’Université La Sagesse, « l’homme et la femme sont égaux dans les repères théologiques et anthropologiques de l’Église ». Il explique : « Le texte de la genèse dit “homme et femme il les créa (...) Dieu les bénit et leur dit soyez féconds, multipliez-vous.” L’Église voit donc en l’homme et la femme, dès le départ, des partenaires complémentaires pour la vie à qui Dieu a confié une même mission à mener conjointement. Puis Jésus-Christ est venu et a réhabilité l’homme et la femme face à Dieu au-delà de toute situation de péché, d’injustice sociale et institutionnelle, en les ramenant face à leurs propres consciences. La séquence de la femme adultère dans l’Évangile selon saint Jean, chapitre 8, sauve la femme du jugement lapidaire des hommes : “Maître, il est prescrit de lapider de telles femmes.” Jésus alors répondit : “Que celui d’entre vous qui est sans reproche, le premier, jette sur elle, une pierre”, invitant ainsi tout membre de la société à se tenir devant soi-même avant de lancer la pierre aux autres et mettant la femme adultère seulement devant la justice et la compassion de Dieu. “Je ne te condamne pas. Va-t-en et à partir de maintenant, ne pèche plus” ; il l’a donc responsabilisée. »
Pour expliquer cependant les lois posées par l’Église, père Abi Saleh souligne que l’Église « vit dans une culture déterminée et qu’elle a dû parfois manier un discours qui n’a pas toujours été très conséquent avec les exigences de ses textes ». « L’évolution de la culture à travers les siècles a amené l’Église à ajuster les lois qu’elle a posées pour mieux dire sa foi et ses enseignements. Les lois du statut personnel ne sont pas des lois divines. C’est une expression dans laquelle l’Église évolue », ajoute-t-il.
Il n’en demeure pas moins que père Abi Saleh se demande si l’Église devrait « toujours s’occuper de la gestion du statut personnel » et si elle ne devrait pas « plutôt s’en détacher pour se consacrer au témoignage et à l’enseignement de la foi ». « L’absence de femmes prêtres dans l’Église catholique ne témoignerait-elle pas du doute de l’Église quant aux capacités des femmes à remplir une fonction accomplie par un homme ? » Père Abi Saleh répond qu’il n’y a pas d’interdit théologique pour qu’une femme soit ordonnée prêtre. « C’est la tradition qui en a voulu ainsi », a-t-il ajouté en notant que « la femme enseigne la théologie et transmet la foi en tant que catéchète comme elle transmet la vie ».
En résumé, pour père Abi Saleh, l’Église percevrait « l’accomplissement de l’homme et la femme dans la différence et la complémentarité ».

Les règles de succession et du statut personnel
L’avocate à la cour Judy Abou Saleh, spécialisée en droit privé, rappelle que les chrétiens du Liban suivent la loi civile rattachée au statut personnel concernant le règlement de succession. Les questions relatives au divorce, aux procédures d’adoption et à l’héritage des prêtres sont, comme on le sait, régies par les tribunaux religieux.
La loi régissant les successions des non-mahométans promulguée en 1959 stipule qu’en cas de décès, l’homme et la femme héritent à parts égales des biens de leurs parents, enfants, frères, sœurs ou de leur conjoint sans discrimination de genres aucune en matière de droits.
La loi qui régit le statut personnel est inspirée de la doctrine de l’Église catholique et du droit canonique romain qui a évolué avec le temps.
Concernant le regard de la loi qui régit le statut personnel et les droits de la femme chrétienne maronite, nous retenons en résumé :
– Pour les affaires de divorce : si la femme travaille et qu’elle n’a pas d’enfants, elle n’a pas droit à une pension alimentaire. Elle est considérée comme capable de se prendre en charge financièrement.
– En cas de divorce, concernant la garde des enfants, la femme catholique a la garde du garçon et de la fille jusqu’à l’âge de deux ans, bien que le juge soit en droit de reconsidérer l’application de cette loi au cas par cas et dans l’intérêt de chaque enfant.
– En cas de décès de l’époux, la femme a la garde des enfants mais en est conjointement tutrice avec leur grand-père paternel ou leur oncle paternel si le grand-père paternel est décédé. Le tribunal désigne de préférence un tuteur du côté paternel plutôt que du côté maternel (en cas de décès de l’épouse, le père est unique tuteur et a naturellement la garde des enfants).
– Si, en cas de décès de l’époux, la mère contracte un second mariage, la garde des enfants lui est retirée si la famille de l’époux défunt s’oppose à cette nouvelle union (l’inverse n’est pas vrai).
Selon le père Richard Abi Saleh, curé de la paroisse Saint-Maron à Gemmayzé et professeur de théologie à l’Université Saint-Joseph et à l’Université La Sagesse, « l’homme et la femme sont égaux dans les repères théologiques et anthropologiques de l’Église ». Il explique : « Le texte de la genèse dit “homme et femme il les créa (...) Dieu les bénit et...

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