Chypre : mandat d'arrêt contre l'ancien gouverneur de la Banque centrale

Un mandat d'arrêt a été émis vendredi à l'encontre de l'ancien gouverneur de la Banque centrale de Chypre, qui ne s'est pas présenté à une audience devant un tribunal local, a rapporté l'agence de presse nationale CNA.

Athanasios Orphanides, qui se trouve aux Etats-Unis, était convoqué pour une audience prévue ce vendredi dans la ville côtière de Limassol, dans le cadre d'un procès déclenché par la plainte d'un habitant ayant acquis 400.000 euros d'obligations de la banque Laïki.

Cette banque, la deuxième plus grosse de l'île, a été liquidée dans le cadre du plan de sauvetage que Chypre a dû solliciter au printemps pour éviter la faillite.

M. Orphanides, actuellement enseignant au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MiT), a été gouverneur de la Banque centrale chypriote de mai 2007 à mai 2012, quand les banques chypriotes se sont retrouvées plongées dans la tourmente en raison de leur exposition à la dette grecque.

Selon l'avocat du plaignant cité par CNA, "Laïki a, par l'intermédiaire de ses employés, obtenu frauduleusement 400.000 euros auprès de mon client, avec la connivence de M. Orphanides".

Selon Me Costas Melas, ni M. Orphanides ni son avocat n'étaient présents lors de l'audience vendredi. La cour a renvoyé l'affaire au 14 novembre.

Des manifestants s'étaient rassemblés devant le tribunal pour protester contre M. Orphanides, l'accusant d'être responsable de la vente par les banques chypriotes de produits très risqués qui ont entraîné des pertes colossales pour des investisseurs n'ayant pas pris conscience du risque.

Les deux plus grande banques de Chypre, Bank of Cyprus et Laïki, ont émis en 2011 et 2012 des obligations pour un montant de 1,4 milliard d'euros qui ont perdu toute valeur lorsque ces établissements sont devenus insolvables après l'effacement d'une partie de la dette grecque.

En mars, Nicosie a obtenu un plan de sauvetage de 10 milliards d'euros prévoyant en retour une diminution drastique du secteur bancaire. Les déposants de la Laïki ont perdu tous leurs avoirs au-delà de 100.000 euros, et ceux de la Bank of Cyprus se sont vu ponctionner 47,5%.