Iran : Khatami pour la libération de tous les détenus politiques

L'ancien président Mohammad Khatami appelle à la remise en liberté de tous les prisonniers politiques en Iran, après la grâce accordée par la justice iranienne à 80 opposants.

L'ex-chef de l'Etat réformateur, qui a présidé la République islamique de 1997 à 2005 mais s'est par la suite opposé au guide suprême de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, salue sur son site internet cette initiative prise lundi, tout en estimant qu'elle ne va pas assez loin.

"Je me félicite de cette nouvelle mais je demande : pourquoi ce chiffre ? Je dirais qu'ils doivent tous l'être (libérés) sauf ceux qui ont commis un crime et qui ont été reconnus coupables par un tribunal compétent. Beaucoup d'entre eux n'ont rien fait, de nombreuses charges (retenues contre eux) n'étaient pas fondées", dit Mohammad Khatami.

Selon le porte-parole du pouvoir judiciaire iranien, Gholam-Hossein Mohseni-Ejei, certains des détenus graciés avaient été emprisonnés après les manifestations de l'opposition contre la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en 2009.

Leur libération se veut un nouveau signe d'assouplissement du pouvoir iranien après l'élection du "modéré" Hassan Rohani à la présidence en juin.

Sans les nommer, Mohammad Khatami semble inviter les nouvelles autorités à lever l'assignation à résidence imposée depuis deux ans aux opposants Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, les deux chefs de file de la "révolution verte" de 2009.

"Tout le monde devrait faire des efforts pour que les assignations à résidence soient levées", dit l'ancien président, dont les partisans ont massivement voté en faveur de Hassan Rohani.

Depuis sa prise de fonction le 3 août, celui-ci a multiplié les gestes d'ouverture, en direction de l'Occident sur le dossier nucléaire comme en interne.

La semaine dernière, Téhéran a ainsi relâché l'avocate Nasrine Sotoudeh, considérée par les défenseurs des droits de l'homme comme la prisonnière politique la plus en vue du pays, ainsi qu'une dizaine d'autres opposants.

Dans une interview accordée à Reuters, Nasrine Sotoudeh a dit s'attendre à la libération de centaines de détenus politiques, dont Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi.