Au Caire, quasiment un mois jour pour jour après la dispersion sanglante de rassemblements de milliers de pro-Morsi par l’armée et la police le 14 août, plusieurs milliers de manifestants défilaient en direction de la place Rabaa al-Adawiya, dont les accès étaient bloqués par des soldats casqués et armés. Cette place avait été, avec la place Nahda devant l’Université du Caire, l’épicentre le 14 août de la destruction des campements pro-Morsi au Caire qui avait fait des centaines de morts, en grande majorité des manifestants. Les défilés d’hier étaient d’ailleurs placés sous le slogan « Loyauté au sang des martyrs ». De nombreux manifestants brandissaient des photographies des pro-Morsi tués en scandant : « Nous obtiendrons leurs droits (ce pour quoi ils se battaient) ou nous mourrons comme eux. » Les manifestants scandaient également : « À bas le pouvoir militaire. » Ils ont aussi crié : « Abdel Fattah est un boucher », en référence au général Abdel Fattah al-Sissi, chef de la toute-puissante armée et nouvel homme fort du pays. Un autre défilé se dirigeait vers le palais présidentiel au Caire, selon l’agence MENA. À 17h00 GMT, heure à laquelle débute le couvre-feu, aucun incident n’avait été signalé au Caire.
Dans le nord du pays, des heurts entre pro-Morsi et leurs opposants ont éclaté en marge de manifestations. La police a tiré du gaz lacrymogène pour disperser ces affrontements à Mahalla et Tanta, dans le delta du Nil, ont rapporté des sources de sécurité et les médias d’État. À Alexandrie, la grande ville côtière du Nord, des heurts sporadiques ont opposé pro et anti-Morsi, faisant un mort et cinq blessés, selon MENA, tandis que trois personnes ont été blessées dans la province de Beheira (Nord), de même source. L’agence a ajouté que de nombreux partisans des Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, avaient été arrêtés en marge des manifestations dans différentes villes.
Les Frères musulmans appellent à de nouvelles manifestations aujourd’hui.
Par ailleurs, les hélicoptères de l’armée égyptienne bombardaient hier des positions d’islamistes présumés dans le Nord-Sinaï, deux jours après des attentats meurtriers contre des soldats dans cette région instable, ont rapporté des sources des services de sécurité. La péninsule du Sinaï, frontalière d’Israël et de la bande de Gaza, est devenue la base arrière de groupes radicaux, et les attaques contre les forces de l’ordre s’y sont multipliées depuis la destitution et l’arrestation de M. Morsi.
(Source : AFP)