À l’issue de pourparlers avec le puissant syndicat UGTT, le parti islamiste Ennahda a en effet admis pour la première fois dans un communiqué qu’à terme le gouvernement actuel pouvait être amené à démissionner mais qu’il resterait en place jusqu’à ce qu’un « dialogue national » aboutisse à une solution consensuelle. Pour l’UGTT, médiateur dans le bras de fer entre Ennahda et une coalition d’opposants, les islamistes ont fait une concession importante. « Nous savons qu’il y a des difficultés, mais des lignes rouges qui étaient dressées par Ennahda ont été levées », a ainsi jugé Sami Tahri, un représentant du syndicat. Par ailleurs, l’UGTT soumettra « des propositions » du chef d’Ennahda Rached Ghannouchi à la coalition d’opposition, le Front de salut national (FSN), ce matin vers 08h00 GMT, a-t-on appris auprès du syndicat et des opposants.
L’initiative de l’UGTT, qu’Ennahda a accepté « comme base » de négociations pour sortir de la crise provoquée par l’assassinat de l’opposant Mohammad Brahmi le 25 juillet, préconise un gouvernement apolitique, le maintien de la Constituante et la mise en place d’un calendrier électoral et d’adoption de la Constitution. Le syndicat, fort de ses 500 000 membres et capable de paralyser le pays par des grèves, conduit une médiation entre opposants et islamistes pour les amener à accepter de négocier. La centrale syndicale, qui entretient des relations tendues avec le pouvoir, s’est retrouvée à contrecœur dans cette position après que le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC) eut gelé les travaux de la Constituante en demandant au syndicat d’amener les islamistes et les opposants vers un compromis.
La « semaine de départ »...
Peu après son communiqué, Ennahda a annoncé hier avoir revu plusieurs points litigieux du projet de Constitution, comme notamment supprimer du projet l’article 141 dont la disposition la plus critiquée par l’opposition prévoyait qu’aucune révision constitutionnelle ne pouvait porter atteinte à « l’islam en tant que religion de l’État ». Pour l’opposition, cette formulation laissait la porte ouverte à l’introduction de la charia en Tunisie, même si le parti Ennahda a assuré avoir renoncé à instaurer la loi islamique comme source de droit dans le pays.
Dans ce contexte, l’opposition prévoit toujours une « semaine du départ » à compter de demain pour tenter d’arracher, via des manifestations pacifiques, le départ du gouvernement. Le premier grand rassemblement devrait avoir lieu demain soir face à l’ANC, où depuis près d’un mois manifestants et députés d’opposition observent un sit-in. Les 6 et 13 août, les détracteurs d’Ennahda avaient déjà mobilisé des dizaines de milliers de personnes à cet endroit.
(Sources : agences)
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18 h 18, le 23 août 2013