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Liban: une loi sur la violence conjugale approuvée en commission

Un projet de loi protégeant la femme contre la violence conjugale a été approuvé lundi en commission parlementaire au Liban, après des années de campagne dans une société jugée libérale dans le monde arabe mais qui reste très machiste.

Le projet de loi, qui doit encore être voté au Parlement, avait été confronté au rejet des très influentes autorités religieuses, notamment chiites et sunnites, dans un pays où le statut personnel civil n'existe pas.

L'approbation du texte, passé en 2010 en Conseil des ministres, intervient plus de dix jours après qu'une jeune femme de 33 ans, Roula Yaacoub, a été battue à mort par son mari dans le nord du Liban, soulevant l'indignation dans les médias et au sein de la société civile.

Le vote de lundi a été salué par les associations de défense de la femme qui réclament toutefois des amendements la protégeant davantage.

Le texte est en effet intitulé "projet de loi pour la protection des femmes et de l'ensemble des membres de la famille de la violence conjugale", mais dans le fond, "il ne protège pas spécifiquement les droits des femmes", juge Faten Abou Chakra, coordinatrice de la campagne KAFA (Assez en arabe), une coalition de 60 associations qui militent depuis 2008.

"La majorité des cas de personnes maltraitées concernent les femmes selon les études d'experts locaux et internationaux, donc cette catégorie doit être protégée spécifiquement", dit-elle.

Par ailleurs, le texte reconnaît la notion de "viol conjugal", un des principaux chevaux de bataille des ONG, mais considère qu'il s'agit d'un délit, pas d'un crime.

"Selon le texte, ce ne sont que les coups et les blessures qui sont considérés comme un crime", indique Mme Abou Chakra.

Le Dar el-Fatwa, la plus haute autorité religieuse sunnite du pays, avait protesté contre la criminalisation du viol conjugal, estimant qu'il s'agit d'une "hérésie occidentale".

Le Hezbollah chiite avait reproché de son côté à la loi d'"interférer dans les relations entre le mari et sa femme".

Mme Abou Chakra a assuré que les associations féministes poursuivront leur combat lors de la prochaine session pleinière du parlement, dont la date reste incertaine en raison de la crise politique dans le pays.

La société libanaise est considérée au niveau des moeurs comme l'une des plus libérales du monde arabe, mais la loi reste largement conservatice.

Ainsi, un homme qui viole une femme n'est pas sanctionné s'il épouse sa victime et les mères ne peuvent pas transmettre leur nationalité à leurs enfants,

En outre, la peur de l'opprobre et du scandale est également responsable du silence entourant les femmes maltraitées, selon les militants.

Toutefois, grâce au lobbying de la société civile, le Parlement a par exemple supprimé en 2011 les circonstances atténuantes du "crime d'honneur", l'assassinat, souvent par un proche, de femmes ayant "déshonoré" leur famille.
Un projet de loi protégeant la femme contre la violence conjugale a été approuvé lundi en commission parlementaire au Liban, après des années de campagne dans une société jugée libérale dans le monde arabe mais qui reste très machiste.Le projet de loi, qui doit encore être voté au Parlement, avait été confronté au rejet des très influentes autorités religieuses, notamment...