Les passants des Souks de Beyrouth regardent, auscultent, touchent et, après moult circonvolutions, se font photographier devant les œuvres de leur choix. Sous le piédestal de chacune, son nom et celui de l’artiste, ainsi que le nom de la boîte sponsor. Également affiché, un code-barres à scanner avec son mobile. Le fana de high-tech sera alors informé sur les enchères de l’œuvre sélectionnée. Les offres commencent à 1 100 dollars.
«Sea n’Art» est une exposition qui durera près de trois mois, et se déplacera entre les Souks et Zaytouna Bey. Pour, non pas une, mais trois bonnes causes. L’occasion également d’admirer le talent des créateurs libanais. Ou de se mettre à l’écoute de ces œuvres souvent porteuses d’un message.
À l’instar de Samak bala hasak par Bokja, ce poisson recouvert d’ordures qui milite pour la propreté de la Méditerranée, ou le message d’espoir de Beleive de Delara Bitar Rmeily.
Certains véhiculent une réflexion socio-philosophique, comme le Big Fish Eats Small Fish de Hania Rayess (un véritable aquarium se trouve niché dans son ventre), d’autres illustrent le Beyrouth schizophrène comme les deux yeux de l’artiste maquilleuse Hala Ajam.
Certains s’habillent de couleurs fondues comme celui de Wajih Nahlé, de motifs Méditerranée (Liane Mathes Rabbath), sont tagués de graffitis (Loubnan ya ot3it Samak de Ashekman) ou s’habillent de mots et de poésie (L’Envol du poisson de Frida Debbané). D’autres se présentent comme de véritables installations artistiques: c’est le poisson/boisson de Jean-Claude Bejjani. Sous le slogan «Cheers vs Tears», le photographe a transformé l’animal en minibar éclairé de néons feutrés. Citons encore Solve the Fish de Nouhad Hanna el-Daher qui propose là un jeu de mots très accrocheur. Tout comme l’exposition. Et ces daurades très attachantes, ces filets de sauvetage pour nos petites têtes brunes.