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Diaspora - Océanie

Bou Sader et Ary, de la Nouvelle-Zélande au Brésil

À la fin du XIXe siècle, une communauté libanaise existe déjà dans la lointaine Nouvelle-Zélande.

Wadih, Pearl et les enfants Amin, Janete, Neif, Roberto, Ivone, Wilma et Samir.

En 1895, le jeune Elias Bou Sader, né en 1854 au village de Choueir, au Mont-Liban, émigre vers la Nouvelle-Zélande et s’installe dans le quartier industriel de Woolston, dans la ville de Christchurch, sur la côte est de l’île du Sud. Elias commence le travail dans le commerce général et ouvre ensuite une pâtisserie en association avec un ami anglais, Jack Pease, également émigrant en Nouvelle-Zélande. Il fait ainsi la connaissance de Miriam Pease, sœur de Jack, jeune fille née à Oxford, en Angleterre, en 1862. Leur mère s’appellait Harriete Smith et leur père, John Pease, avait travaillé à la typographie royale du palais de Buckingham du temps de la reine Victoria. En 1870, John et sa famille, chrétiens de l’Église « Société religieuse des Amis (Quaker) », avaient émigré pour la Nouvelle-Zélande et John avait ouvert un magasin de chaussures à Christchurch.

Retour au Liban dans les moments difficiles
Elias et Miriam tombent amoureux l’un de l’autre et se marient en 1898. De cette union sont nés cinq premiers enfants, nés en Nouvelle-Zélande : Jack, Fouad (qui décède en bas âge), Pearl, Gladys et Harry. En 1909, Elias est atteint d’une maladie de l’estomac et décide de retourner au pays. Commença alors un long voyage de retour au Liban, nouveau pays d’émigration pour Miriam. Le navire passa par l’Australie – où Elias rencontra des amis libanais – puis l’île de Ceylan (Sri Lanka), le Yémen, l’Égypte (canal de Suez et Port-Saïd), la Palestine pour atteindre finalement Beyrouth. La famille s’installa à l’hôtel Belle Vue à Zeitouné. Miriam et les enfants s’adaptèrent rapidement au pays, malgré leur méconnaissance de la langue et des coutumes. Ils s’installèrent ensuite à Choueir, ville d’origine d’Elias, où le couple eut deux autres enfants, Helen et Albert.
Non loin de Choueir, Miriam rencontra à Broummana des Anglais membres de son Église des Quakers, qui dirigeaient une école crée en 1874 par le missionnaire Quaker suisse, Theophilus Waldmeier. La famille se déplaça alors afin que les enfants puissent aller plus facilement à la « Broummana High School ».
En 1914 débuta la Première Guerre mondiale et la situation devint catastrophique au Liban où sévit le typhus. Les sauterelles envahirent le pays et dévastèrent les récoltes, provoquant la famine, à la suite de laquelle des milliers d’habitants moururent surtout dans les régions chrétiennes de Broummana, Jbeil, Batroun, Jezzine... Elias et Miriam passèrent avec leurs enfants des moments terrifiants. Miriam travailla dans un orphelinat en donnant tout son amour maternel, témoignage de l’amour de Dieu, selon l’un des concepts Quaker, celui de la « lumière intérieure ». Après la guerre, l’une des filles, Pearl, partit à Beyrouth pour suivre des études d’infirmière, Gladys voyagea en France auprès d’une famille française, Elias et son fils Jack trouvèrent du travail à Beyrouth. Puis Miriam mourut en 1918 de la fièvre espagnole à Broummana. Quant à Elias, il décéda dix ans plus tard à Beyrouth.

Nouvelle émigration vers le Brésil
Pearl (dont le nom en arabe est Lulu), qui était née en Nouvelle-Zélande en 1902, travailla après avoir obtenu son diplôme d’infirmière à l’hôpital de Broummana, où elle rencontra en 1924 Wadih Ary (al-Kary), libanais né à Zahlé, dans la Békaa, en 1897. Il était le fils de Amin Ary et Zaira Trad, famille qui avait émigré au Brésil à la fin du XIXe siècle, et qui résidait à Fortaleza, dans l’État de Ceara. Pearl et Wadih se marièrent aussitôt, et partirent rejoindre la famille de Wadih au Brésil. De Fortaleza, ils passèrent à São Paulo où ils eurent sept enfants : Janete, Amim, Neif, Roberto, Ivone, Wilma et Samir. Leurs enfants firent les meilleures études en génie civil et génie électronique, comptabilité, droit et journalisme. Wadih mourut en 1948 au Brésil. Quant à Pearl, elle demeura au Brésil, avec un court séjour d’un an au Liban en 1968, et mourut en 1990 à l’âge de 88 ans.
Une de leurs filles, Wilma, née en 1937, choisit le chemin des lettres et obtint en 1966 son diplôme en journalisme à São Paulo. Elle travailla dans plusieurs journaux et revues brésiliennes et eut des moments difficiles dans les années 1970 à l’époque de la répression suite à la dictature militaire. au Brésil. Depuis 1985, elle fait partie du corps enseignant de l’Université Paulista (UNIP) à São Paulo où elle est aujourd’hui rédactrice en chef du journal Multiensino-UNIP. Comme écrivaine, elle publia plusieurs livres, entre autres Diário de Miriam Bo Sauder (Journal de Mariam Bo Sauder), sa grand-mère anglaise, en 2008.
Wilma visita le Liban pour la première fois cette année, parcourant les villages de Choueir, Broummana, Zahlé, le « grand fleuve Bardawni ». Elle livre ses impressions: « J’ai entendu à chaque coin des phrases arabes que je connaissais depuis mon enfance. Je me suis sentie durant ce retour aux sources véritablement chez moi. Mon prochain livre évoquera ces moments inoubliables. »
En 1895, le jeune Elias Bou Sader, né en 1854 au village de Choueir, au Mont-Liban, émigre vers la Nouvelle-Zélande et s’installe dans le quartier industriel de Woolston, dans la ville de Christchurch, sur la côte est de l’île du Sud. Elias commence le travail dans le commerce général et ouvre ensuite une pâtisserie en association avec un ami anglais, Jack Pease, également émigrant...