Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

Des religieux libanais sunnites dénoncent des "abus" de l'armée

Des religieux sunnites libanais ont dénoncé vendredi avec virulence les abus commis, selon eux, par l'armée après son assaut victorieux contre la place forte du cheikh radical sunnite en fuite, Ahmad al-Assir.

Pour sa part, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a demandé une "enquête indépendante sur les abus présumés", alors que l'armée a affirmé que les coupables d'abus seraient jugés.

Dimanche, les partisans du cheikh sunnite Assir, qui s'est fait connaître par ses diatribes contre le Hezbollah chiite, ont tiré sur un barrage de l'armée. De violents combats s'en sont suivis jusqu'à ce que l'armée prenne le QG du cheikh près de Saïda (sud), après avoir perdu 18 militaires.

Depuis, le cheikh est en fuite et recherché par la justice. L'une de ses épouses Amal, interviewée par la chaîne libanaise LBC, a dit ignorer où il se trouvait. Sa soeur a, elle, affirmé "préférer qu'il tombe en martyr plutôt qu'il ne soit capturé".

Si l'armée est multiconfessionnelle, beaucoup de sunnites lui reprochent d'être impitoyable avec les radicaux de sa communauté mais d'être tolérante avec le Hezbollah, beaucoup plus puissant.

"Des personnes sont arrêtées sans mandat et des gens sont conduits en prison car ils sont religieux ou portent des barbes (...) et d'autres sont parfois battues à mort", a affirmé le mufti de Saïda, cheikh Salim Soussane, devant un millier de fidèles à la mosquée Zaatari. "C'est inacceptable".

Saïda au sud et Tripoli au nord sont deux grandes villes sunnites. Au niveau national, les sunnites, les chiites et les chrétiens représentent chacun un tiers de la population. Cependant seuls les chiites possèdent un puissant mouvement armé avec le Hezbollah.

"Il faut une enquête impartiale et transparente sur les militaires qui ont porté atteinte à l'image de leur institution en frappant et malmenant les gens", a dit cheikh Soussane.

Des vidéos ont circulé montrant un homme frappé par des soldats et l'Association des oulémas musulmans a publié des photos du cadavre de Nader al-Bayouni portant des traces de sévices, alors que selon l'association il s'était rendu à l'armée.

Selon HRW, la famille Bayouni a affirmé que Nader était vivant après la fin de l'assaut lundi et qu'elle était restée sans nouvelles de lui jusqu'à un appel jeudi lui demandant de venir chercher son corps à l'hôpital militaire.

Le mufti de Saïda a même accusé, sans le nommer, le Hezbollah d'avoir participé aux perquisitions. "Nous refusons que certains groupes armés illégaux et n'appartenant pas aux forces régulières effectuent des perquisitions, procèdent à des interrogatoires. Il faut que l'État prenne ses responsabilités sinon la rue deviendra incontrôlable".

Pour éviter tout débordement, le mufti avait fermé toutes les mosquées de Saïda et invité les fidèles à prier dans celle de Zaatari. Mais les plus radicaux l'ont interrompu à plusieurs reprises en criant: "Que Dieu protège cheikh Assir".

A Tripoli, cheikh Salem al-Rafeï a appelé à l'ouverture d'une enquête "sur la participation du Hezbollah aux incidents de Saïda. L'armée doit être impartiale sinon nous ne nous tairons plus". Des fidèles l'ont interrompu en appelant au jihad.

L'ex-Premier ministre, le sunnite Fouad Siniora, à la tête d'une délégation de notables de Saïda, a remis au président Michel Sleimane un memorandum lui demandant de faire "cesser les arrestations et perquisitions arbitraires" et "d'interdire toute détention d'armes à Saïda autre que par les forces gouvernementales".

Les combats de Saïda étaient les plus sanglants qu'ait connu le Liban depuis le déclenchement en mars 2011 du conflit en Syrie voisine où le Hezbollah est impliqué dans les combats au côté du régime Assad, contre les rebelles en majorité sunnites.
Des religieux sunnites libanais ont dénoncé vendredi avec virulence les abus commis, selon eux, par l'armée après son assaut victorieux contre la place forte du cheikh radical sunnite en fuite, Ahmad al-Assir.Pour sa part, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a demandé une "enquête indépendante sur les abus présumés", alors que l'armée a affirmé que les coupables d'abus seraient...