L’administration américaine invoque depuis des mois le plus grand risque que poserait la livraison d’armes aux rebelles. Elle redoute que des équipements de guerre, par exemple des lance-missiles Stinger, ne tombent dans de « mauvaises mains », c’est-à-dire dans celles des jihadistes du Front el-Nosra allié à el-Qaëda et en première ligne contre les forces armées de Damas. L’ancien ambassadeur américain en Irak, Ryan Crocker, avertissait encore cette semaine devant l’université Stanford (Californie) que son pays « n’en savait pas assez sur l’opposition syrienne fractionnée pour intervenir ou l’armer ». Les États-Unis travaillent pourtant depuis des mois avec la rébellion syrienne dite modérée, pilotée par le Conseil militaire suprême syrien et l’Armée syrienne libre du général Salem Idris. Mais « même si on donne des armes au général Idris (...), comment empêcher qu’elles ne passent à el-Nosra ? » s’interroge M. Nerguizian, dressant des parallèles historiques avec « le Liban durant la guerre civile et (...) la Libye ou l’Irak ». Son confrère Salman Shaikh, directeur du Brookings Center à Doha, pense aussi que « le précédent de l’Afghanistan a été bien sûr instructif » pour les Américains qui ont dû se battre contre des islamistes qu’ils avaient armés des années auparavant contre les Soviétiques. Et plus les jihadistes prennent l’ascendant chez les insurgés syriens, moins « on peut jouer ce jeu avec el-Qaëda, avec des militants islamistes qui vont déstabiliser la région », prévient M. Nerguizian.
Bien que l’opposition soit en difficulté sur le terrain, Washington reste « réticent » à s’engager plus avant, constatent donc analystes et diplomates. « En fournissant des armes létales, les États-Unis seraient directement impliqués dans une guerre par procuration, en particulier contre les Russes », lesquels, comme les Iraniens, sont des soutiens indéfectibles à Damas, note M. Shaikh. Washington a certes mis en garde jeudi Moscou sur des livraisons de missiles sol-air S-300 au régime du président Bachar el-Assad, tout en rappelant que la Russie jouait un rôle diplomatique fondamental pour trouver une issue politique au conflit. « Mais si la diplomatie échoue », redoute M. Nerguizian du CSIS, « les États-Unis pourraient (commencer) à armer certaines factions, auquel cas vous assisteriez à une guerre par procuration qui pourrait durer des années ».
(Source : AFP)
Les États-Unis ont beau applaudir l’Union européenne qui a levé l’embargo sur les armes en Syrie, ils n’ont aucune envie d’armer une rébellion éclatée entre modérés et jihadistes, notent des experts. Depuis des mois, le président Barack Obama est sous pression d’élus républicains et même de responsables de son administration pour équiper en armes l’opposition syrienne,...
commentaires (4)
C'est quoi comme "théorie" à 2 dollars Traficotés !
Antoine-Serge Karamaoun
12 h 24, le 01 juin 2013