Rabih a relaté son expérience dans un article qu’il a publié.
Le journaliste se trouvait dans un « netcafé » à Sfeir, dans la banlieue sud, quartier où vit sa famille, pour envoyer un document à une collègue. Le propriétaire de l’endroit le prie de lui remettre sa clé USB afin de vérifier qu’elle ne contient aucun virus. Rabih s’exécute et le propriétaire commence à vérifier les documents du journaliste et à s’attarder sur ses photos personnelles. Quelques minutes plus tard, quatre hommes, appartenant à la sécurité du Hezbollah, font irruption dans le café et prient le journaliste de les suivre. Il s’exécute. Ils commencent par lui confisqueer sa clé USB et son téléphone portable. Rabih attend ensuite environ un quart d’heure seul sous une tente. L’un des hommes revient ensuite, l’accompagne dans un bureau et commence à lui poser des questions relatives à ses parents, grands-parents, ses amis, les parents de ses amis, leurs opinions politiques, leur passe-temps favori.
Rabih sera ainsi interrogé durant deux heures avant d’être transféré dans un autre centre du Hezbollah. « Mon téléphone sonnait. Je savais que ma mère s’inquiétait parce que je lui avais dit que je sortais pour dix minutes et aussi les collègues m’attendaient déjà au travail. Mais je n’avais pas le droit de leur répondre », écrit Rabih.
Arrivé dans ce deuxième centre du Hezbollah, le journaliste est placé dans une cellule de trois mètres carrés. « Une vingtaine de minutes plus tard, un homme s’installe dans une cellule mitoyenne et je remarque un miroir qui me sépare de lui. Il peut me voir. Pas moi. Il commence à m’interroger, me repose les mêmes questions et d’autres relatives au montant de mon salaire, à mes achats, mes crédits, le loyer de ma maison, la marque de ma voiture d’occasion, son premier propriétaire, les noms et prénoms des parents du premier propriétaire de l’automobile... Ensuite il m’a demandé si j’étais salafiste, ce à quoi j’ai répondu que ma mère est grecque-orthodoxe et mon père sunnite. Il m’a alors rétorqué que cela n’empêche pas que tu sois salafiste », rapporte-t-il.
On lui pose encore des questions sur ses amis, ses sorties, ses passe-temps favoris. On lui demande de commenter les hommes politiques...
Après cinq heures d’interrogatoire, Rabih Damj a été relâché. Avant de le laisser partir, les hommes qui l’ont interrogé lui ont indiqué que si, à l’avenir, il avait besoin d’aide dans ses missions journalistiques, notamment en ce qui concerne des articles sur le Hezbollah, il pouvait désormais compter sur eux.
« Journaliste contre la violence » a publié un communiqué dénonçant l’arrestation de Rabih Damj, mettant en cause notamment « l’absence de l’État libanais qui n’est pas souverain sur son propre territoire ». L’association a appelé « les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de l’Information à agir », invitant « les autorités concernées à arrêter et punir sans délai les coupables ». « Il faut que tout le monde sache que l’occupation syrienne du Liban, avec toutes les exactions qui l’avaient accompagnée, est bel et bien finie », a souligné le texte de « Journaliste contre la violence ».
FINGÉN AHWÉ, SIGARA OU MA3 AL SALAMÉ ! L3AMA CHOU BITKABROUWA LAL ISSA...
14 h 43, le 12 mai 2013