M. Letta, 46 ans, a reconnu jeudi rencontrer quelques « difficultés » à convaincre son propre parti, le Parti démocrate (PD, gauche), et le centre-droit de Silvio Berlusconi, ennemis de toujours, de gouverner ensemble. Le PD, arrivé en tête aux élections législatives de fin février mais sans la nécessaire majorité absolue au Sénat – ce qui est à l’origine de l’impasse–, est profondément divisé sur l’opportunité de gouverner avec son ennemi juré, le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi. Déjà son allié, le petit parti « Gauche, écologie et liberté », a annoncé qu’il se placerait dans l’opposition. Hier, M. Letta s’est donc rendu au Quirinal, siège de la présidence de la République, pour un entretien de deux heures et demie avec Giorgio Napolitano, qui lui avait confié la formation d’un gouvernement mercredi, après l’échec essuyé par le dirigeant du PD démissionnaire, Pier Luigi Bersani. Il a ensuite rencontré le Premier ministre sortant Mario Monti.
M. Letta doit également composer avec le Cavaliere, dont il dépend désormais pour pouvoir gouverner. Le dauphin de Berlusconi, Angelino Alfano, a ainsi parlé de « nœuds à dénouer », notamment sur une taxe immobilière très impopulaire que le magnat des médias avait promis de rembourser. Mais hier, Silvio Berlusconi s’est montré plus ouvert. Il a vu dans M. Letta « une attitude très positive » et n’a pas constaté de « véritables problèmes » dans les discussions. Les tractations vont bon train aussi sur les noms des futurs membres du gouvernement. La droite récuse notamment celui de Mario Monti, cité comme éventuel ministre des Affaires étrangères.
Ainsi, avant même sa naissance, beaucoup prévoient une vie courte à ce gouvernement, compte tenu des antagonismes persistants. Quant à Beppe Grillo, chef du mouvement Cinq Étoiles, qui a récolté un quart des voix aux dernières législatives, il l’a déjà balayé d’un revers de main. « C’est un ramassis digne du meilleur bunga-bunga », a-t-il dit en référence aux soirées torrides du Cavaliere.
(Source : AFP)