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Moyen Orient et Monde - Scandale financier

Cahuzac déclenche un séisme politique en France

L’ex-ministre du Budget a avoué détenir un compte à l’étranger ; Hollande condamne « une impardonnable faute morale ».

« Dévasté par le remords », Jérôme Cahuzac a demandé pardon hier à François Hollande, après avoir avoué détenir un compte à l’étranger de 600 000 euros. Miguel Medina/AFP

L’ex-ministre français du Budget Jérôme Cahuzac, inculpé pour blanchiment de fraude fiscale, a reconnu hier avoir menti aux plus hautes autorités de l’État, éclaboussant le gouvernement du président socialiste François Hollande et déclenchant une tempête politique.


Jérôme Cahuzac, accusé de détenir un compte à l’étranger non déclaré, avait toujours affirmé jusque-là être innocent. Il avait démissionné de son poste le 19 mars, après que le parquet eut annoncé l’ouverture d’une information judiciaire sur son affaire. Dans un communiqué publié hier, Jérôme Cahuzac a expliqué posséder « depuis une vingtaine d’années » un compte bancaire à l’étranger, doté de 600 000 euros. Cette somme provient essentiellement « de son activité de chirurgien et accessoirement de son activité de consultant », selon son avocat, Jean Veil. Le compte ouvert en Suisse « a été transféré à Singapour en 2009 », a précisé l’avocat, qui évalue le montant du blanchiment à environ 30 000 euros. Chirurgien de 60 ans, Jérôme Cahuzac a fait fortune dans les implants capillaires.


L’existence d’un compte de Jérôme Cahuzac à l’étranger avait été révélée en décembre 2012 par le site d’information Mediapart, qui avait aussi diffusé un enregistrement téléphonique, dont la voix attribuée à l’ex-ministre évoque la détention d’un compte dans une banque suisse, l’UBS. Dans cet enregistrement datant, selon le site, de la fin de l’année 2000, l’homme déclare : « Ça me fait chier d’avoir un compte ouvert là-bas, l’UBS c’est quand même pas forcément la plus planquée des banques. » Cet enregistrement était en possession depuis douze ans de l’avocat Michel Gonelle, ex-rival politique de Jérôme Cahuzac dans le sud-ouest de la France.


La police scientifique a estimé que Jérôme Cahuzac était bien la personne s’exprimant dans cet enregistrement. Passible de cinq ans d’emprisonnement, le blanchiment est notamment le fait de placer, dissimuler ou convertir le produit d’un délit.


« J’ai été pris dans une spirale du mensonge et m’y suis fourvoyé. Je suis dévasté par le remords », a en outre écrit l’ancien ministre, demandant « pardon » à François Hollande.


Le chef de l’État avait salué à l’époque Jérôme Cahuzac, poids-lourd de son exécutif et notamment chargé d’intensifier la lutte contre la fraude fiscale, et « la décision qu’il a prise de remettre sa démission de membre du gouvernement pour mieux défendre son honneur ». Son aveu entache sérieusement l’image de la « République exemplaire » revendiquée par François Hollande lors de son élection, il y a dix mois. Le président a aussitôt réagi, prenant « acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac » et condamnant « une impardonnable faute morale ».

« La fin de la gauche donneuse de leçons »
De la gauche au pouvoir à l’opposition de droite, les critiques ont aussitôt fusé contre le menteur qui avait clamé son innocence en direct à la télévision et jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. « Les bras m’en tombent, je n’ai pas de mots », a commenté le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. « Je ne pensais pas qu’on en était là », a-t-il ajouté. « J’ai du mal à imaginer que Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n’aient pas été au courant », a lancé pour sa part Christian Jacob, chef de file de l’UMP à l’Assemblée nationale. « Cahuzac a menti », mais « depuis quand le président de la République le sait ? » a aussi demandé la députée UMP Valérie Debord. Une attitude partagée par le tribun de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon : « Où s’arrête la chaîne du mensonge? Qui savait et n’a rien dit ? » a-t-il ajouté, tandis que ses alliés du Parti communiste évoquaient un « scandale d’État » et une « bombe politique ».


« Ce mensonge signe définitivement la fin de la gauche morale et donneuse de leçons », a jugé pour sa part le président de l’UMP, Jean-François Copé. Selon lui « le président de la République doit prendre ses responsabilités face à ce mensonge d’État et s’en expliquer lui-même devant les Français ». Pour le centriste François Bayrou, le scandale n’éclabousse pas que la gauche au pouvoir. Il a dit craindre « des dégâts dévastateurs pour le monde politique français » dans son ensemble.

 

 

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Jérôme Cahuzac, accusé de détenir un compte à l’étranger non déclaré, avait toujours affirmé jusque-là...
commentaires (3)

Francisco, Gare au TSUNAMI !

SAKR LEBNAN

18 h 32, le 03 avril 2013

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Commentaires (3)

  • Francisco, Gare au TSUNAMI !

    SAKR LEBNAN

    18 h 32, le 03 avril 2013

  • Il semble aprés ce scandale hors normes ,que Baba Hollande et ses 36 menteurs donneurs de leçon de morale socialistes démissionnent... simplement pour sauvé l'image et l'honneur de la France....

    M.V.

    09 h 52, le 03 avril 2013

  • Et dire qu'il avait fait de l'évasion fiscale son cheval de bataille ! Les vrais minables, on les connaît maintenant, ce sont ces crabes assoiffés de pouvoir qui ne savent rien faire d'autre que d'attaquer quelqu'un comme Depardieu qui, après avoir payé plus de 150 millions d'impôts durant sa carrière, a quitté la France en homme libre.

    Robert Malek

    02 h 12, le 03 avril 2013

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