Le mouvement a débuté il y a plusieurs semaines par des manifestations isolées, mais depuis jeudi, des milliers de policiers se sont mis en grève à travers le pays. Pour essayer d’apaiser les tensions, le ministre de l’Intérieur Mohammad Ibrahim a limogé vendredi le commandant de la police antiémeute et a nommé un nouveau chef. « Nous poursuivrons notre grève jusqu’à ce que le gouvernement accepte nos revendications, à savoir éloigner la police de la politique (...) et limoger le ministre de l’Intérieur », a répliqué le colonel Mohammad Fawzi, du QG de la police au Caire, dans le journal el-Chorouk. Hier, le ministre de l’Intérieur a pour sa part estimé que les grévistes étaient une minorité au sein de la police. Il a aussi défendu les policiers, affirmant que ces derniers n’avaient pas « effectué un seul tir » sur des manifestants depuis le début du soulèvement populaire de 2011. Pour certains commentateurs, cette grève est une réelle menace, alors que le président Morsi est fortement contesté par une partie de la population. « Le ministère de l’Intérieur est sur le point de s’effondrer (...) et je ne vois d’autre solution qu’une élection présidentielle anticipée », a affirmé Abdel Rahmane Youssef, un éditorialiste islamiste modéré, dans el-Chorouk.
Ces derniers jours, la contestation s’est même étendue aux Forces de la sécurité centrale (FSC, forces antiémeute), pour la première fois depuis 1986. À Ismaïliya, sur le canal de Suez, les FSC ont refusé de se rendre dans la ville voisine de Port-Saïd, où les heurts entre policiers et manifestants ont fait une cinquantaine de morts, dont trois policiers, depuis fin janvier. En conséquent, M. Morsi a dû faire appel à l’armée pour assurer la sécurité à Port-Saïd. Les violences dans cette ville se sont étendues au Caire, où deux manifestants ont été tués samedi, après un verdict dans le procès d’une tragédie du football. Un tribunal de Port-Saïd, siégeant dans la capitale pour des raisons de sécurité, venait de confirmer 21 condamnations à mort prononcées en janvier et annoncé 24 condamnations à des peines de prison – dont cinq à perpétuité – ainsi que 28 acquittements.
(Source : AFP)
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