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Culture - Festival al-Bustan - Concert

Les belles et le pianiste...

Avec « Opus X », la musique était supposée se conjuguer exclusivement au féminin. Lone, Mila, Samira et Tatia, comme des « Charlie’s Angel », belles et talentueuses. Mais voilà, Tatia, défection de dernière minute, n’est pas venue. C’est maestro Gianluca Marciano qui la remplace au clavier. Petit chambardement d’esprit, d’équipe, d’harmonie et de programme.

Gianluca Marciano accompagnant au piano Lone, Mila et Samira.

C’est avec humour que le pianiste déclare au public, un peu déçu quand même de cette absence inopinée: «Voilà, ce sont les belles et la bête...»
Après cette inattendue rupture d’esprit d’équipe, mais vite reconstituée avec un maestro qui connaît parfaitement les rouages du métier, les trois musiciennes sont apparues sur scène. Habillées avec élégance, elles prennent place sous les feux de la rampe. La musique, leur langage le plus familier, est au bout de leurs doigts.
Pour «Opus X», ensemble orchestral féminin, amputé donc ce soir-là de sa pianiste, les rôles se répartissent comme suit: Lone Madsen à la clarinette, Mila Dimitrova au violon et Samira Dayyani au violoncelle. Et comme on vient de le mentionner, Gianluca Marciano derrière les touches d’ivoire. Toujours souriant et prêt à dispenser la musique aux auditeurs du Bustan lui qui, en fait, est cette année maître de cérémonie, en ces lieux.
Ouverture en fanfare, comme pour briser toute glace ou limite, avec le lyrique Libertango d’Astor Piazzola, arrangé pour quartet par Carlos Franzetti. Hymne à la liberté en tonalités sensuelles pour un tango débordant de vie, mais ici manquant de cohésion et de synchronisation.
Et s’égrène un programme varié où les partitions, un peu de bric et de broc, sorte de panachage facile et accrocheur, ont permis aux quatre instrumentistes de s’en donner à cœur joie et de faire éclater un talent qui touche en douce à tous les registres. Cela va d’une simple rêverie à une cadence effrénée, en passant par les murmures du piano, les pizzicati du violon, les trémolos du violoncelle et l’appel à la tendresse de la clarinette.
En solo, duo, trio ou quartet, les musiciens ont interprété, avec sensibilité et cœur, des pages choisies. Langueurs d’un tango signé David Chesky, rythmes et couleurs vibrantes de l’Arménie avec Aram Khatchadourian, vivace mélodie roumaine nourrie de sève folklorique avec Max Bruch, romantisme et délicatesse des arpèges perlés avec Andante Spianato de Chopin et, pour conclure la première partie, la voix de Francis Poulenc en souvenir d’Arthur Honneger à travers douceur et mélancolie, comme un dessin qui s’effiloche sur une étoffe soyeuse et satinée.
Après l’intervalle, place à Olivier Messiaen avec Intermède, Louange et Éternité de Jésus. Touche de foi, accents de la miséricorde de Dieu et empreinte du sens de la ferveur et de la piété chrétiennes dans cette narration marquée par un séjour d’emprisonnement dans un camp allemand durant la guerre.
Pour prendre le relais, à nouveau un pan de l’Argentine avec Astor Piazzolla. Seront interprétées du maître du bandonéon les Quatre saisons et Oblivion. Des œuvres à la force narrative puissante qui rappellent non seulement la fièvre des nuits sans sommeil et la quête du plaisir, mais aussi la fragilité et la vulnérabilité des êtres devant les souvenirs tenaces et l’érosion du temps.
Manuel de Falla introduit sa touche ibérique avec ses danses et sa Nana. Soleil, rose baccarat, talons qui claquent, froufrous des étoffes, tailles cambrées, couleurs vives et une «canciones» populaire pour le panache du pays de Lorca et Cervantes. À travers un quartet dont la musique ici est pur nectar et eau de vie.
Lyrisme ombrageux et cadences csardas avec Pablo Sarasate, où le violon a une volubilité intarissable quand le clavier le soutient par des embardées éruptives ou de délicats effleurements des touches d’ivoire. Voyage au pays tzigane, véhément, rêveur, passionné.
Pour conclure, les sémillantes Danses hongroises arrangées pour quartet par David Shenton. Une version de plus pour ces danses liées un peu à toutes les sauces, mais certainement pas la meilleure (avec ici une interprétation au mouvement pâteux et manquant de nerf) pour cette pièce anthologique, favorite du public parmi les morceaux classiques les plus célèbres.
Applaudissements du public pour les musiciens qui tirent, avec grâce et sourire, la révérence. Un public un peu disséminé et qui va les applaudir jusqu’à recevoir un encore... Une soirée agréable et gentille, sans plus. Ce n’est pas un «flop» ni un «pschitt», mais de toute évidence il manquait quelque chose dans l’air...
C’est avec humour que le pianiste déclare au public, un peu déçu quand même de cette absence inopinée: «Voilà, ce sont les belles et la bête...»Après cette inattendue rupture d’esprit d’équipe, mais vite reconstituée avec un maestro qui connaît parfaitement les rouages du métier, les trois musiciennes sont apparues sur scène. Habillées avec élégance, elles prennent place...

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