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Rien ne sert de courir : les cardinaux se hâtent lentement... - Cité du Vativan

Rien ne sert de courir : les cardinaux se hâtent lentement...

En attendant les congrégations puis le conclave, le Saint-Siège reste en « Sede vacante ».

« C’est étrange, très étrange de venir ici place Saint-Pierre et de ne pas entendre l’Angélus... d’autant plus que le pape est vivant. C’est quelque chose d’unique... ». La place Saint-Pierre était effectivement vide hier, juste trois nonnes qui s’y promenaient... Max Rossi/Reuters

Les cardinaux continuaient d’arriver hier à Rome pour participer aux congrégations préparant l’élection du 266e pape, alors que la date du conclave n’est pas encore fixée et qu’aucun favori n’émerge pour la succession de Benoît XVI.
Les 209 cardinaux du monde entier, électeurs (moins de 80 ans) et non, ont été convoqués pour aujourd’hui par le doyen du Sacré Collège, le cardinal Angelo Sodano. Quelque 66 cardinaux sont arrivés ou en passe de venir à Rome tandis que 75 autres y vivent déjà. Certains, malades, infirmes ou âgés, se sont fait excuser. Le conclave ne pourra être convoqué que lorsque tous les prélats électeurs (115 sont annoncés) seront présents. Et c’est aussi en « Congrégation générale » que sera donné le feu vert à l’aménagement de la chapelle Sixtine où se tiendra le conclave secret et qui sera dès lors fermée aux touristes.
Les « congrégations » à huis clos qui débutent aujourd’hui serviront à mettre sur la table les nombreux problèmes de l’Église. « Nous affronterons les questions les plus importantes : l’évangélisation et la nouvelle évangélisation des terres de tradition chrétienne », a indiqué le cardinal colombien Ruben Salazar Gomez, au Corriere della Sera. Selon son collègue du Honduras, le cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, le préconclave ne pourra pas ignorer l’affaire Vatileaks et les fuites de documents secrets du pape. « Il est nécessaire que nous soyons informés de choses sur lesquelles, en raison de l’éloignement, nous avons trop peu d’éléments », a-t-il dit à la chaîne publique Rai Due.

Parasol rouge
En attendant, le Vatican est en période « Sede vacante » (Siège vacant), illustrée sur les timbres de la poste vaticane par un joli parasol rouge aux dessus des clés de saint Pierre entrecroisées. Et pour la première fois depuis huit ans, Benoît XVI qui n’est plus pontife depuis jeudi soir, n’a pas célébré depuis la fenêtre du palais apostolique donnant sur la place Saint-Pierre l’Angélus dominical. Au grand dam de dizaines de fidèles qui avaient programmé leur voyage à Rome bien avant l’annonce de sa spectaculaire démission le 11 février...
« C’est étrange, très étrange de venir ici place Saint-Pierre et de ne pas entendre l’Angélus... d’autant plus que le pape est vivant. C’est quelque chose d’unique », dit Fabio Ferrara, l’une des rares personnes venues sur la place à midi. « Nous prions beaucoup, c’est triste, très, très triste, nous nous sentons orphelins », déplore sœur Agnese Carreddu, une religieuse italienne.
Lors des messes dominicales à travers le monde, la prière traditionnelle pour le pape n’a pas été récitée et ne le sera pas tant que le nouveau pontife n’aura pas été désigné.

Chacun a un handicap
En attendant, les « congrégations » permettront aussi et surtout de cerner le profil idéal du futur pontife, un choix très difficile tant les qualités requises (pasteur, réformateur, homme à poigne, garant de la tradition, etc) sont exigeantes. Aussi, entre « congrégations », conciliabules et autres rencontres informelles, les candidatures devraient s’officialiser et des « cordées » se former.
Le choix paraît très ouvert. « À la mort de Jean-Paul II en 2005, chacun réfléchissait depuis des mois à un successeur, et le conclave fut court. Cette fois, ce geste inouï de la démission d’un pape a balayé tous les calculs », a expliqué un cardinal à la retraite. Selon lui, « une décision audacieuse » n’est pas exclue comme en 1978, après le choc terrible de la mort de Jean-Paul Ier au terme de 33 jours de pontificat : Karol Wojtyla, un Polonais que personne n’attendait, s’était imposé.
Cette fois, chacun des papabili a un handicap. Angelo Scola, proche de Benoît XVI, a des chances, mais être italien pourrait le freiner. Le cardinal de Vienne Christoph Schönborn, réformateur et ancien élève de Benoît XVI, représente une bonne synthèse, mais la contestation dans son Église peut le desservir.
Les Nord-Américains, énergiques et modernes comme Sean O’Malley qui a lutté contre la pédophilie à Boston, Timothy Dolan, archevêque de New York, médiatique et brillant, et le Québécois Marc Ouellet, grand connaisseur de l’Amérique latine et théologien conservateur, pourraient être choisis pour réformer la Curie.

Le plus adapté...
L’Amérique latine est légèrement en retrait. Le candidat qui se détache le plus est l’archevêque de São Paulo, Odilo Scherer, modéré, crédité de succès dans son diocèse, et qui a travaillé à Rome. Et en Afrique, le Ghanéen Peter Turkson, le Guinéen Robert Sarah, discret et très apprécié de Benoît XVI, et le Sud-Africain Wilfrid Napier, archevêque de Durban, sont aussi cités. Pour l’Asie, le jeune archevêque de Manille, Luis Antonio Tagle, âgé de 55 ans, théologien et pasteur, est très apprécié, mais il pourrait s’avérer trop jeune et éloigné des centres du pouvoir.
À la fois numériquement et psychologiquement, les chances d’un Occidental sont plus fortes qu’un papabile du Sud, talentueux mais moins connu. Pour le cardinal Maradiaga, le choix n’est pas entre un Européen ou un non-Européen : « Il faut trouver la personne la plus adaptée pour affronter les défis de l’Église. »

« Grande conscience »
Interrogé par la télévision TGCom 24 sur la présence au conclave de cardinaux accusés d’avoir couvert des accusations de pédophilie contre des prêtres, l’ex-procureur spécial du Vatican, Mgr Charles Scicluna, a estimé qu’ils « apporteront une grande conscience » de la gravité de ces crimes, « ils pourront faire partager leur grande souffrance et ce qu’ils en ont tiré comme leçon ».
Signe que le départ de Benoît XVI reste dur à avaler pour certaines franges de l’Église, le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, a martelé samedi qu’il « n’était en rien un abandon » de sa mission ni des fidèles. Et au Vatican même, la démission impromptue de Benoît XVI a des conséquences inattendues. Ainsi les fonctionnaires du petit État, qui travaillent plus dur que d’habitude, ne recevront-ils sans doute pas la gratification de 1 000 euros comme lors de la mort de Jean-Paul II en 2005.
Enfin, hier vers 14h00 GMT, un petit séisme d’une magnitude de 2,5 degrés a touché les collines romaines et Castel Gandolfo, où s’est retiré l’ex-pape.
(source : agences)
Les cardinaux continuaient d’arriver hier à Rome pour participer aux congrégations préparant l’élection du 266e pape, alors que la date du conclave n’est pas encore fixée et qu’aucun favori n’émerge pour la succession de Benoît XVI.Les 209 cardinaux du monde entier, électeurs (moins de 80 ans) et non, ont été convoqués pour aujourd’hui par le doyen du Sacré Collège, le...