Actuellement, Ennahda dirige les ministères de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères. Le quatrième, celui de la Défense, est contrôlé par un indépendant, Abdelkarim Zbidi, en fonctions depuis janvier 2011. Le parti islamiste, après avoir longtemps résisté, cède ainsi à une revendication de la quasi-totalité de l’opposition et de ses partenaires laïques au gouvernement, Ettakatol et le Congrès pour la République (CPR) du président Moncef Marzouki.
Mais selon Mohammad Bennour, le porte-parole d’Ettakatol, cette concession positive ne signifie pas qu’un compromis a été trouvé. « Il y a un accord pour que les ministères soient confiés à des indépendants mais pas sur les noms des ministres », a-t-il expliqué, jugeant peu probable que les pourparlers aboutissent avant « le milieu de la semaine prochaine ». « Il y a aussi encore la question des autres ministères », a ajouté M. Bennour dont le parti réclame encore qu’Ennahda revienne sur une série de nominations controversées à la tête d’institutions publiques et des régions tunisiennes.
L’actuel ministre de l’Intérieur, l’islamiste Ali Larayedh, a été chargé la semaine dernière de former un nouveau gouvernement après la démission de Hamadi Jebali face au refus d’Ennahda de constituer un cabinet de technocrates. Ce dernier avait avancé cette idée le 6 février, jour de l’assassinat de l’opposant anti-islamiste Chokri Belaïd, estimant qu’il s’agissait du seul moyen pour sortir la Tunisie de la paralysie politique et de juguler l’essor de la violence. M. Larayedh, qui a promis un gouvernement pour « tous les Tunisiens et Tunisiennes » lors de sa nomination, a multiplié les consultations ces derniers jours mais ne s’est pas exprimé sur leurs avancées. Il a jusqu’au 8 mars pour présenter son cabinet et son programme au président.
En théorie, avec 89 députés, Ennahda peut réunir assez facilement la majorité nécessaire de 109 élus sur 217 à l’Assemblée nationale constituante (ANC), mais il doit trouver un soutien bien plus large pour pouvoir prétendre à sortir la Tunisie de sa crise. Car si l’assassinat de Chokri Belaïd a fait imploser le gouvernement sortant, cela fait des mois que la vie politique est paralysée. La Constitution est dans l’impasse faute d’accord sur la nature du régime politique, bloquant l’organisation de nouvelles élections. Or l’adoption de la loi fondamentale nécessite une majorité des deux tiers à l’ANC. La Tunisie est aussi confrontée à l’essor d’une mouvance salafiste violente qui, selon les autorités, a assassiné Chokri Belaïd.
(Source : AFP)