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Diaspora - Portrait

Francisco Rezek, un grand juriste à la stature internationale

Francesco Rezek, un éminent juriste et homme politique brésilien, se dit « fier de (ses) origines libanaises ». Voici la saga de sa famille, depuis l’émigration de ses parents au début du siècle dernier.

Francisco Rezek (au centre) siégeant à la Cour internationale de justice de La Haye en 2002.

En 1918, un jeune Libanais quitte son pays pour le Brésil. Elias Rezek, fils de Simon Rezek et Rose Nadur, né à Baalbeck en 1897, est alors âgé de 21 ans. Il débute son travail dans le commerce de gros à São Paulo et rencontre en 1926 la jeune Baget Baracat : celle-ci est née aussi à Baalbeck en 1908 et a émigré au Brésil en 1912 avec ses parents Assaad Baracat et Julias Kallás, alors qu’elle n’avait que 4 ans. Baget avait donc grandi au Brésil, étudiant à São Paulo au Collège oriental de direction libanaise, qui dispense un enseignement en trois langues : l’arabe, le français et le portugais.
Elias et Baget se marient l’année de leur rencontre et partent s’établir dans la ville de Cristina, située au sud de l’État de Minas Gerais. Ils ont quatre enfants, deux filles et deux garçons. Elias était un homme respecté pour ses valeurs humaines. Lorsqu’il décède en 1962, le journal de la région, Correio do Sul, publie un article sous le titre : « Feu Elias Rezek, un homme d’affaires au grand cœur ». Il en était de même pour sa femme Baget, qui mourut en 2006, à l’âge de 97 ans. Elle était entre autres très active dans le domaine de la protection des enfants à déficience physique. Elle était aussi très attachée à sa nationalité libanaise et parlait parfaitement l’arabe. Les enfants d’Elias et de Baget suivirent tous des formations en médecine, sauf José Francisco Rezek, plus connu sous le nom de Francisco Rezek, qui opta pour des études de droit à l’Université de Minas Gerais (UFMG).
Francisco Rezek, né en 1944, travaille également comme reporter auxiliaire au journal Diário de Minas. Il reçut en 1965 une bourse d’études de l’ « Inter-American University Foundation » pour un cours d’extension et un programme de recherches sur les institutions américaines et les problèmes de développement économique à Harvard University, aux États-Unis. Diplômé en droit en 1966 à l’UFMG, il obtient son doctorat en 1970 à l’Université de Paris (Panthéon-Sorbonne), en France, en droit international public. Sa thèse s’intitule : « La conduite des relations internationales dans le droit constitutionnel latino-américain » (obtenue avec mention honorifique). Plus tard, il fait des recherches à l’Université d’Oxford où il est élu Honorary Fellow et obtient un diplôme. Avec une bourse d’études du gouvernement français, il intègre vers 1970, avec d’autres professeurs de plusieurs nationalités, le Centre d’études et de recherches de droit international et relations internationales de l’Académie de droit international de La Haye (Pays-Bas).

Une carrière qui
le mène loin
De retour au Brésil en 1972, il entame une carrière de procureur de la République. Il est nommé, en 1979, sous-procureur général de la République. En 1983, à l’âge de 39 ans, il est nommé ministre du Tribunal fédéral suprême (STF), la plus haute instance du pouvoir judiciaire du Brésil. De 1989 à 1990, il préside le Tribunal supérieur électoral (TSE). De 1990 à 1992, il devient ministre des Affaires étrangères du Brésil (le premier d’origine libanaise à ce poste) au sein du gouvernement de Fernando Collor de Mello. Durant son mandat, il fait plusieurs voyages et participe à diverses missions en compagnie du président de la République, alors que le Brésil suivait une politique de non-alignement et s’ouvrait au commerce extérieur en tant que leader sur le plan régional. Il prépare aussi la conférence de Rio de Janeiro sur l’environnement et le développement (ECO-92).
En 1992, Francisco Rezek est nommé pour la seconde fois ministre du STF. C’est un fait inédit. Il est désigné par le gouvernent brésilien comme membre permanent à l’arbitrage (1987-2004). En 1997, à sa demande, il prend sa retraite, au moment où il est élu par le Conseil de sécurité et par l’Assemblée générale des Nations unies, pour un mandat de neuf ans, comme juge à la Cour internationale de justice (CIJ), à La Haye (Pays-Bas). Durant cette période, il donne des cours spéciaux à l’Université de Paris (Panthéon-Sorbonne), portant entre autres sur le Marché commun du Sud : origines, actualité, perspectives... À la fin de son mandat à la cour de La Haye, Rezek revient à São Paulo pour exercer son métier d’avocat.
Francisco Rezek, durant sa carrière, coordonna plusieurs cours sur l’intégration latino-américaine et publie plusieurs œuvres de droit. Il est marié, père de cinq enfants et grand-père de cinq petits-enfants. Il est invité, en décembre 2012, comme modérateur au Forum arabo-latino americain d’Abou Dhabi, organisé par l’Université des Émirats arabes unis et Fonglode (République dominicaine). Ce forum a réuni plus de 200 personnes : anciens présidents de la République, ministres, anciens ministres, hommes d’affaires, académiciens, directeurs de centres de recherches, dont le Centre des études et cultures de l’Amérique latine de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (Cecal-USEK). Rencontré à Abou Dhabi, il fait part de ses souvenirs du Liban, qu’il avait visité avec ses parents en 1968. Promettant de revenir un jour à son pays d’origine, il déclare : « Les Brésiliens d’origine libanaise sont aujourd’hui près de dix millions et sont profondément fiers de leurs racines. Le Liban fait l’objet du respect et de l’admiration de tous les Brésiliens, même ceux qui n’ont pas de lien de sang avec le pays du Cèdre. »
En 1918, un jeune Libanais quitte son pays pour le Brésil. Elias Rezek, fils de Simon Rezek et Rose Nadur, né à Baalbeck en 1897, est alors âgé de 21 ans. Il débute son travail dans le commerce de gros à São Paulo et rencontre en 1926 la jeune Baget Baracat : celle-ci est née aussi à Baalbeck en 1908 et a émigré au Brésil en 1912 avec ses parents Assaad Baracat et Julias Kallás,...