Les premiers mouvements semblaient cependant surtout concerner du matériel. Le repli des troupes elles-mêmes vers les positions d’origine de la rébellion, dans la région de Rutshuru, ne devait débuter qu’aujourd’hui, a expliqué le chef militaire du M23, Sultani Makenga. Hier matin, des habitants ont dit avoir « vu plusieurs dizaines de camions » civils de l’administration locale, réquisitionnés par les rebelles, « quitter Goma avec des vivres et des munitions », a rapporté une autorité locale sous couvert d’anonymat. Ces véhicules se « dirigeraient vers » Rutshuru. « Des gens nous disent que le nombre de militaires (du M23) dans la ville est en train de diminuer », a de son côté déclaré le maire de Goma, capitale de la riche province minière du Nord-Kivu, Naason Kabuya Ndoole. Lui-même est exilé à Béni (à plus de 300 km au nord) depuis la prise de Goma, le 20 novembre, par les rebelles. Manodje Mounoubai, porte-parole de la Mission de l’ONU dans le pays (Monusco), a précisé : « On a vu des mouvements du M23 dans les deux sens : des véhicules sont partis vers le Nord, en direction de Kibumba, avec 124 personnes, mais on a vu aussi des véhicules arriver à Goma avec 129 personnes. »
Selon un accord conclu à Kampala, la rébellion doit se retirer à au moins 20 kilomètres au nord de Goma. Les chefs d’état-major des armées des pays de la région sont attendus demain à Goma pour s’assurer de ce retrait.
Le M23 occupait encore clairement Sake hier, ville située à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Goma, sur la route menant au Sud-Kivu.
Dans le même temps, le gouvernement congolais a accusé les rebelles de piller ou tenter de piller des bâtiments officiels à Goma, dont une morgue et une succursale de la Banque centrale, ainsi que des minerais stockés dans la ville, pour les emmener au Rwanda voisin. Les soldats du M23 sont d’ex-rebelles en majorité tutsis congolais intégrés dans l’armée de RDC en 2009 après la signature d’accords de paix. Ils se sont mutinés en avril dernier, en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté les accords. L’enjeu est notamment pour eux de pouvoir rester dans leur région de Kivu : ils refusent toute mutation, pour protéger leurs familles.
Selon l’ONU et Kinshasa, les rebelles bénéficient du soutien de deux pays voisins de la RDCongo : le Rwanda et l’Ouganda. Kigali et Kampala démentent, mais le Conseil de sécurité de l’ONU a de nouveau dénoncé hier, dans une résolution adoptée à l’unanimité, « l’appui extérieur » apporté aux rebelles congolais.
(Source : AFP)
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