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Culture - Salon du livre

Activités express

Un week-end de débats et de rencontres aussi intéressants que divers.

Édith Bouvier présentant son expérience.

Édith Bouvier et Sonia Dayan-Herzbrun : deux histoires, un même combat

 

La première, journaliste blessée en Syrie, évacuée et sauvée grâce au courage des combattants, a décidé de poursuivre sa lutte en dénonçant les souffrances et le courage du peuple syrien. La seconde, sociologue de formation, s’est penchée sur cette révolution arabe déclenchée en 2011 à cause du ras-le-bol d’une population qui a voulu se libérer du joug de ses dictateurs.
«Je ne pense pas que ce mouvement est né brusquement du jour au lendemain. Ce ne sont pas des événements complètement inattendus, qui ont secoué cette région du Moyen-Orient qui va de l’Iran au Maroc. Cette région est en ébullition depuis des années. Des ouvriers, des intellectuels, des jeunes en mal avec leur société ont maintes fois essayé de se révolter. Mais à chaque fois, ils étaient fortement réprimés et leurs voix tombaient dans l’oubli», explique la sociologue Sonia Dayan-Herzbrun. Les réseaux sociaux ont-ils été l’arme qui a permis au peuple de se révolter? «Non», répond la sociologue. Mais «oui», réplique Édith Bouvier. Ça fait très longtemps que ces hommes essayaient de se révolter. À chaque fois leur voix se perdait et leur révolution échouait. Avec les réseaux sociaux, Facebook et Internet, les petites gens de la rue se sont solidarisés avec leurs aînés. Ils ont pu communiquer et faire passer le message. Ils ont pu créer une chaîne que les autorités n’ont pas pu briser. C’est cela qui a permis à ce mouvement de se mettre en marche et de faire boule de neige! Une chose est certaine. «C’est le despotisme, l’autoritarisme de tous ces régimes et la conjoncture économique qui ont poussé ces jeunes à se révolter.» Un trait commun qu’on retrouve dans tous ces pays qui se sont soulevés aux quatre coins de cette région !

 

« La malédiction » selon Hyam Yared

 

Cette auteure féministe, qui n’en est pas à son premier ouvrage, raconte la «malédiction» d’être femme dans un pays marqué par la puissance de la virilité, la domination religieuse et le déni des souffrances morales et physiques subies souvent, sans pouvoir les dénoncer.
C’est une littérature singulière qu’il faut écouter. Une littérature «coup de poing» qu’on reçoit «en pleine figure» car elle dénonce ce qui est trivial, elle reflète quelque chose d’authentique, une douleur ressentie, longtemps tue et qu’elle doit extérioriser. Son langage, Hyam Yared l’a voulu «cru et sans détours, car c’est le seul moyen d’avancer dans des choses dont on ne parle jamais». «D’ailleurs, poursuivra-t-elle, c’est le déni de la chose qui me choque plus que ce langage.» Ce roman est l’histoire terriblement vraie de cette femme, Hala, qui doit se battre jusqu’au meurtre, pour se libérer et simplement respirer. Une femme soumise à la dévoration de sa mère dans son enfance, emprisonnée par le déni de son entourage, confrontée à des abus sexuels qu’elle ne peut dénoncer. L’auteure compare l’histoire de cette femme à celle du pays. «À force d’abus, de non-dits et de manque de dialogue, elle a perdu ses repères corporels, tout comme notre pays, qui, soumis à des abus extérieurs sans pouvoir les dénoncer, a perdu son identité et ses frontières.» C’est un ouvrage qui va libérer l’injustice dans laquelle les femmes sont emprisonnées, ces codes religieux qui régissent la vie de l’être humain, condamnant la femme à la toute-puissance masculine. «Au Liban, nous affichons une société qui se veut moderne et libérale. Mais en fait, nous sommes emprisonnées par ces lois religieuses et masculines, archaïques et stagnantes.» Cette femme perdue dans une dévalorisation de son image et de son corps va retrouver sa liberté dans cette littérature et ces mots, qui vont lui permettre de s’exprimer. La Malédiction, un livre fort, vrai, cru, qui a osé casser les chaînes de la soumission, libérer les maux et dénoncer cette sacro-sainte virilité masculine qui régit le destin des femmes de cette région !

 

Pour Annick Cojean, les femmes, instruments sexuels du pouvoir déchu en Libye

 

Annick Cojean, grand reporter du Monde, dévoile dans son livre Les Proies (Grasset) une réalité morbide en Libye. Sous le régime de Kadhafi, la femme n’était guère plus qu’une marchandise sexuelle.
Kadhafi se présentait dans un discours en 1981 comme le «libérateur de la femme à qui il voulait donner toutes les chances dans la vie». Or beaucoup de femmes ont subi des atrocités, des viols, mais refusaient de témoigner par peur des représailles et du déshonneur. Cojean rencontre Souraya, 22 ans, qui a été pendant cinq ans l’esclave sexuelle du dictateur déchu, comme tant d’autres. Repérée à 15 ans dans son école, elle fut enlevée de force. C’est la descente en enfer: violée, battue, droguée, elle découvre un univers sordide. Kadhafi utilisait le sexe pour affirmer son pouvoir, non seulement en Libye, mais à l’échelle du continent africain et du monde arabe. Même des femmes européennes étaient « invitées » à Bab el-Azizia. Un réseau de trafiquants lui fournissait les femmes
désirées.
Les Proies, traduit en arabe, sera disponible en Libye au début du mois de novembre. Tollé général en perspective.

 

Jean-Jacques Rousseau vit... dans les Constitutions

 

La pensée de Jean-Jacques Rousseau ne cesse de provoquer des remous.
Une conférence à l’Agora a réuni Akram Azouri, avocat à la cour, le Dr Antoine Courban, professeur d’université, et le député Ghassan Moukheiber, en présence de Ruth Flint, ambassadrice de Suisse au Liban. Tous ont insisté sur l’étonnante modernité des idées de Rousseau. Il fut le promoteur de la souveraineté populaire et du refus du pouvoir absolu. Plusieurs Constitutions se sont inspirées de son Contrat social, telles les Constitution américaine et française. Pourtant, on ne manque pas de relever les dérapages sociopolitiques à l’échelle mondiale qui contrecarrent les idées du philosophe : suspension des Constitutions, réélection indéfinie de l’exécutif...
Se référant à Aristote, Antoine Courban devait souligner que «la diversité est la cause et la fin de l’unité». Ainsi, la société doit-elle être régie par la loi, non par l’identité. Pour Moukheiber, «le pacte de vie commune», fondateur de la Constitution libanaise, est l’héritier direct du Contrat social de Rousseau. Et Mme Flint d’insister sur le rapport entre les événements survenant dans le monde arabe et ce même Contrat social. Elle estime que les révolutions arabes sont un écho du conseil donné à Rousseau par son père: «Aime ton pays.»

Édith Bouvier et Sonia Dayan-Herzbrun : deux histoires, un même combat
 
La première, journaliste blessée en Syrie, évacuée et sauvée grâce au courage des combattants, a décidé de poursuivre sa lutte en dénonçant les souffrances et le courage du peuple syrien. La seconde, sociologue de formation, s’est penchée sur cette révolution arabe déclenchée en 2011 à cause du ras-le-bol d’une population qui a voulu se libérer du joug de ses dictateurs.«Je ne pense pas que ce mouvement est né brusquement du jour au lendemain. Ce ne sont pas des événements complètement inattendus, qui ont secoué cette région du Moyen-Orient qui va de l’Iran au Maroc. Cette région est en ébullition depuis des années. Des ouvriers, des intellectuels, des jeunes en mal avec leur société ont maintes fois essayé de se révolter....
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