Charbel : Nous traversons une bonne période... mais le pays se dirige vers le précipice

On a du mal à suivre le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, lorsqu’il parle, le même jour, à divers médias. Aux uns il affirme que tout va bien, aux autres que tout va mal.
C’est exactement ce qui transparaît des déclarations qu’il a faites hier, au lendemain d’une ouverture assez mouvementée de son « mois sécuritaire » censé rassurer les Libanais sur la volonté de l’État de montrer sa poigne.
Interrogé par l’hebdomadaire Magazine, M. Charbel a estimé que « l’entente n’est pas difficile entre les hommes politiques quand il s’agit de résoudre un dérèglement sur le plan de la sécurité ». « Nous traversons une bonne période et l’été sera sécurisé grâce aux efforts des hommes politiques et des services de sécurité », a-t-il cru pouvoir dire.
C’est apparemment un autre Marwan Charbel qui a estimé à l’OTV que « le pays se dirige vers le précipice ». Sur cette même chaîne, le ministre a assuré qu’il est « interdit de bloquer les routes » et que les forces de l’ordre « utiliseraient tous les moyens pour les rouvrir ».
Et, enfin, sur la LBC, un troisième Marwan Charbel a tenté une difficile synthèse, de manière à contenter à peu près tout le monde. Il a ainsi assuré d’une part que le Hezbollah et le mouvement Amal sont opposés au blocage des routes et, d’autre part, que la libération de l’islamiste Chadi Mawlaoui, dont l’arrestation avait provoqué le mois dernier les incidents de Tripoli, avait eu lieu sans qu’aucune pression ne soit exercée sur la justice.
Du côté de l’opposition, on se gausse ou on relativise les initiatives du ministère de l’Intérieur. Marwan Hamadé, député du Chouf, a souligné que « l’État a perdu son prestige à l’ombre des armes du Hezbollah, malgré les mesures de sécurité que prend le ministre de l’Intérieur ».
Plus sévère, Boutros Harb, député du Batroun, a dénoncé une « anarchie honteuse dans tout le pays, protégée en majeure partie par des formations au pouvoir actuellement au Liban, et cela en dépit des déclarations candides et naïves émanant du ministre de l’Intérieur ».
Quant au FL Antoine Zahra, il a souligné que « le fait de proclamer un plan de sécurité pour la durée d’un mois est en soi un signe de la chute de l’État ».