Rechercher
Rechercher

Agenda - Hommage

Ghassan Tuéni, un homme d’une trempe exceptionnelle

Vouloir rendre hommage, à titre posthume, à Ghassan Tuéni, un homme multidimensionnel et aux qualités exceptionnelles, n’est pas une chose aisée.
Avec des mots très simples, sans fioritures, je dirai qu’avec sa disparition, notre Liban a perdu un homme de la trempe des grands de ce monde.
Son héritage intellectuel colossal dans les langues arabe, française et anglaise a marqué la génération de nos pères et mères, notre génération et celle de nos enfants. Et certainement, il en serait de même de nos petits-enfants. Ses écrits ont été le reflet de ses approches idéalistes de l’activité politique et diplomatique, de ses conceptions sacrées de la vie publique et de la vie privée. Pendant des décennies, ses éditoriaux, chaque lundi matin, dans an-Nahar ont mis en relief une fidélité sans faille à sa vision claire et cohérente de la paix interne et de la coexistence islamo-chrétienne qu’il cherchait à instaurer dans son pays.
Fervent défenseur de l’arabité, il a eu le mérite de contribuer en 1950 à la création de la première faculté arabe de droit, de sciences politiques et d’économie.
Homme vrai et sincère, patriote de premier ordre et d’un courage sans limite, il a tenu à la tribune de l’ONU un discours que nul autre diplomate n’aurait osé prononcer dans le contexte du moment. Disant tout haut ce que tant d’autres disaient tout bas : « Laissez vivre mon peuple. » Un cri émanant du cœur et de l’esprit, qui avait fait vibrer les fibres patriotiques de ses concitoyens en proie à la violence meurtrière de la guerre, et dessiné d’une manière claire les contours des vicissitudes de la question libanaise.
Homme de foi en paroles et en actions, il a galvanisé les foules, toutes confessions confondues, lorsque, l’échine courbée par la douleur une énième fois à la suite de l’assassinat de son fils aîné Gebran, Ghassan Tuéni a prêché le pardon et l’amour du prochain. Il a appelé tout court, et dans un style on ne peut plus direct, à l’enterrement de la hache de la vengeance... Pour lui, la liberté de la presse au Proche-Orient est cruciale. Au Liban, elle représente la pierre angulaire pour l’existence de la patrie et le rapprochement des diverses communautés dans le cadre d’un dialogue constamment renouvelé. Oui, Ghassan Tuéni se passait des titres de noblesse pour se faire reconnaître parmi les hommes. Il était humble dans sa grandeur. C’était tout simplement un homme d’une trempe exceptionnelle.
Mon souhait est que nous, libanais, tous les Libanais, nous œuvrions à la réalisation de ses visions de la paix et de la vie en commun pour « son Liban ». Le Liban, qui est celui de tout homme sage. Un Liban où rage et peur seront contenues et vaincues. Enfin, un Liban qui ne sera plus le théâtre « de la guerre des autres ».

 

Walid DAOUK

Vouloir rendre hommage, à titre posthume, à Ghassan Tuéni, un homme multidimensionnel et aux qualités exceptionnelles, n’est pas une chose aisée. Avec des mots très simples, sans fioritures, je dirai qu’avec sa disparition, notre Liban a perdu un homme de la trempe des grands de ce monde. Son héritage intellectuel colossal dans les langues arabe, française et anglaise a...