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Moyen Orient et Monde - Interview

Le flux des réfugiés, un défi énorme pour l’ECHO

Claus Sorensen avec en main l’accord passé avec le gouvernement syrien.

La Syrie a accepté que les agences des Nations unies et des ONG internationales accentuent leurs opérations sur son territoire, où l’on estime à un million le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire, a annoncé hier un haut responsable de l’ONU chargé des questions humanitaires. « Cet accord a été conclu à Damas, par écrit, avec le gouvernement (syrien) », a précisé John Ging, qui présidait une réunion organisée à huis clos à Genève sur les aspects humanitaires de la crise. « La liberté de mouvement, un accès sans entrave pour l’action humanitaire en Syrie : voilà de quoi il s’agit à présent. La bonne foi du gouvernement (syrien) sera mise à l’épreuve dès aujourd’hui, demain et les jours suivants », a-t-il ajouté devant la presse.
L’ONU devrait établir une présence dans quatre villes syriennes – Deraa, Der ez-Zor, Homs et Idlib –, a-t-il précisé, soulignant que le gouvernement syrien s’était engagé à accélérer les procédures de visa pour les employés de neuf agences de l’ONU et sept ONG. John Ging a affiché toutefois sa prudence, refusant de s’avancer sur le nombre de travailleurs humanitaires concernés ni sur un calendrier, ajoutant que ces modalités faisaient encore l’objet de discussions avec les responsables syriens.
Les Nations unies et ses partenaires ont besoin de 264 millions de dollars pour répondre à la demande humanitaire découlant de la situation en Syrie. Pour financer 44 projets en Syrie, durant les 6 mois à venir, 180 millions de dollars sont nécessaires dont 20 % ont été récoltés à ce jour. Une somme de 84 millions de dollars est demandée pour la réponse humanitaire dans la sous-région. Jusqu’à ce jour, seuls 30,7 millions ont été récoltés.
Le directeur général de l’Office humanitaire de la Communauté européenne (ECHO), Claus Sorensen, a souligné de son côté que le temps était compté. « J’ai le sentiment que nous courons après une crise humanitaire en train de s’accélérer », a-t-il déclaré.
À la sortie de la réunion, M. Sorensen a répondu aux questions de L’Orient-Le Jour. Interrogé sur le débordement du conflit syrien au Liban, il a répondu : « Je n’ai pas de boule de cristal mais j’avais déjà déclaré qu’il existait un très grand risque que le conflit déborde au Liban, en Jordanie et en Turquie. C’est ce qui s’est passé au Liban ! On a bien vu que l’instabilité politique et militaire à l’intérieur de la Syrie, mais aussi le manque d’assistance humanitaire, font fuir les gens pour des raisons tout à fait évidente et que cela a des effets sur la stabilité interne des pays voisins », a-t-il relevé. « Le flux de réfugiés pose un défi énorme pour les pays qui les reçoivent avec gentillesse car il existe des tensions entre communautés. J’ai vu que le gouvernement libanais fait tout ce qu’il peut pour stabiliser la situation. J’ai bon espoir qu’il va réussir à calmer le jeu. Mais ce qu’il ne faut surtout pas, c’est une augmentation de ce flux. C’est pour cela que la réunion d’aujourd’hui à Genève était très importante », a insisté M. Sorensen.
Optimiste quant à l’accord Damas-ONU ? « Nous voyons une petite lueur d’espoir sur le fait que le gouvernement syrien prenne ses responsabilités et commence à subvenir aux besoins humanitaires de son peuple... Peut-être que cela va freiner le déplacement des personnes. J’ai un espoir mais je n’ai pas de certitude... », a-t-il dit. « Nous avons noté des progrès dans l’état d’esprit des autorités syriennes. Maintenant que le document en papier a été signé, nous attendons qu’il se transforme en actes. »
Quelques 264 millions de dollars sont nécessaires pour répondre à la demande humanitaire syrienne. Seuls 20 % ont été récoltés pour soutenir les projets en Syrie et 36 % dans les pays voisins. Les donateurs européens vont-ils être plus généreux encore ? « Il est un fait que je dois demander de l’argent supplémentaire aux contribuables européens. Cela passera par le Parlement européen vers la mi-juin. Je veux expliquer aux responsables politiques qu’heureusement, il y a de bonnes nouvelles et que les choses risquent de se passer mieux qu’auparavant. C’est la raison pour laquelle une réaction syrienne positive et rapide est très importante », a-t-il jugé.
Quel lien entre cet accord humanitaire et une bonne application du plan Annan ? « Je pense que ce sont deux choses totalement distinctes. Mais j’espère que les différentes parties en jeu finiront par respecter le cessez-le-feu », a-t-il répondu, n’écartant pas le scénario-catastrophe d’une poursuite de la violence et du flux de réfugiés.
La Syrie a accepté que les agences des Nations unies et des ONG internationales accentuent leurs opérations sur son territoire, où l’on estime à un million le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire, a annoncé hier un haut responsable de l’ONU chargé des questions humanitaires. « Cet accord a été conclu à Damas, par écrit, avec le gouvernement (syrien) », a...

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