Hollande et Sarkozy se livrent une bataille de chiffres sur le chômage

Nicolas Sarkozy a accusé mercredi son rival François Hollande de fournir des chiffres "faux" sur l'augmentation du chômage en cinq ans, reproduisant la bataille de chiffres à laquelle se sont livrés pendant plusieurs mois les lieutenants des deux candidats.

Lors du débat radiotélévisé d'entre-deux-tours, le candidat socialiste a déclaré que "le chômage a augmenté, si l'on prend l'ensemble des personnes inscrites, d'un million" pour atteindre "4 millions de personnes", ou "de 700.000" si "l'on prend les personnes qui n'ont aucune activité".

M. Hollande faisait référence aux chiffres des demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi, sans activité (catégorie A) ou avec une activité réduite (catégorie A + B et C).

"C'est beaucoup, c'est énorme. C'est un record" et "c'est un échec", a martelé M. Hollande en rappelant au président-candidat son objectif formulé en 2007 de ramener le taux de chômage à 5% au bout de cinq ans.

"Les chiffres de M. Hollande, ils sont faux", a rétorqué Nicolas Sarkozy. Prenant cette fois les chiffres de l'Insee correspondant à la définition du chômage au sens du Bureau international du travail (BIT), le candidat UMP a expliqué que "le chômage a augmenté de 422.000, ce qui est trop, entre 2007 et 2011, soit une augmentation de 18,7%".

"Je ne me glorifie pas d'une augmentation de 18,7" mais, a-t-il ajouté, "nous avons un taux de chômage qui a augmenté deux fois moins que (la moyenne de) nos partenaires de la zone euro".

La polémique sur les chiffres du chômage est entretenue par l'existence de ces deux sources, différentes et complémentaires, de données sur le chômage : les chiffres des demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi communiqués par la Dares (ministère du Travail) et les statistiques de l'Insee correspondant à une définition du chômage au sens du Bureau international du travail (BIT).

Pour lutter contre le chômage, "j'ai une mesure", a poursuivi M. Hollande, "elle ne peut pas être LA solution mais elle est l'idée la plus nouvelle qui est venue dans cette campagne: le contrat de génération".

Cette idée d'encourager par un allègement de cotisations les entreprises s'engageant à garder un senior et recruter en même temps un jeune "réconcilie les âges" et "donne de la solidarité", a-t-il ajouté.

"C'est un point intéressant de différence entre nous: voilà donc que vous allez mobiliser des fonds publics pour exonérer de cotisations sociales et patronales des emplois qui existent", lui a répondu M. Sarkozy.

"Je veux mobiliser de l'argent public, pas pour ceux qui ont un emploi, pour ceux qui en ont besoin d'un", a enchaîné le candidat-président en rappelant Martine Aubry avait elle-même vivement critiqué l'"effet d'aubaine" de la proposition de M. Hollande, lors des primaires socialistes.