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Lifestyle - Portrait

Alain Plisson, un bourgeois gentil homme

Il porte en lui un peu du parfum de ce Beyrouth d’antan, lorsque le théâtre était un espace de créativité et la rue Hamra une scène improvisée. Lorsqu’il faisait bon vivre au Liban. Alain Plisson, plus libanais que les Libanais d’origine, a vécu ces années dans la bonne humeur qu’on lui connaît. Inaltérable en dépit des années sombres qui ont suivi...

Alain Plisson.

D’abord il y a sa voix, reconnaissable immédiatement, qui a longtemps occupé et réchauffé les ondes de Radio-Liban. Son rire, son verbe éclatants. Une théâtralité à outrance dont il aime disposer et abuser sur les planches et dans la vie. Il y a ses colères, qui ne sont que passion, son amour de la mise en scène, à chaque instant, et puis surtout cette envie de rire de tout, en finesse, même de soi.


Alain Plisson est aussi un personnage haut en couleur qui a laissé son empreinte dans les archives noir et blanc d’une ville devenue trop sérieuse. Désespérément monochrome. Il continue, Don Quichotte à sa façon, à mettre en scène des pièces légères ou plus compliquées. De former des amateurs, d’en faire les acteurs d’un moment, ou plus si affinités, et de présenter des pièces où le mot occupe une place essentielle. « S’il n’y a pas de texte, dit-il, il n’y a pas de théâtre. J’ai toujours privilégié la qualité du texte. Les textes sont pour moi comme des images qui m’inspirent une mise en scène. Je ne peux pas travailler autrement. »


Il se sent à l’aise partout. Dans La Conférence des oiseaux, L’Émigré de Brisbane, L’Évangile selon Pilate, Angelo tyran de Padou, Le Bourgeois gentilhomme, La Valse des toréadors ou, actuellement, Les Dix Petits nègres au théâtre Tournesol à partir du 19 mai. La tragédie, le vaudeville ou le musical, toutes les ambiances l’inspirent. « C’est l’acteur en moi qui a appris la mise en scène. Être metteur en scène, c’est jouer tous les rôles. C’est égoïste, mais c’est si bon ! »

Un parcours diversifié
Né à Alep de père français et de mère d’origine libanaise, le jeune Alain débarque au Liban à l’âge de huit ans. Son attachement à cette terre lui fera demander, dans les années 60, la nationalité libanaise. Il le fera également rester, même aux heures les plus sombres. « Je devais certifier que je méritais cette appartenance », précise-t-il. Durant ses études en droit (qui l’aurait cru ! ), il fait une « mauvaise rencontre », une amie qui le convainc de jouer dans une pièce avec la troupe de l’Union française. « C’était le début de l’engrenage ! Le théâtre a pris beaucoup d’importance dans mon existence sans en avoir l’air, poursuit-il. À la fin des années 60, ça devenait quelque chose de plus sérieux. »


Suivront ainsi, naturellement, de nombreuses représentations et autant de rôles, avant le « grand tournant », une rencontre inespérée, à New York, en 1982, avec le grand Peter Brook et sa Conférence des oiseaux. « C’est en bavardant avec lui qu’il m’a convaincu de passer à la mise en scène. » Alain Plisson rentre au Liban et adapte cette pièce. Il le fera quatre fois au cours de son existence. « J’ai vu débuter des personnes qui sont devenues des célébrités, j’ai fait des productions que j’ai toujours assumées moi-même. J’ai fait des choses invraisemblables ! » Et d’ajouter : « Je me demande si les gens me prennent au sérieux. C’est ça le véritable défi... »


Professeur à l’Iesav, Alain Plisson a également été rédacteur à L’Orient-Le Jour, « un des plus anciens ! » souligne-t-il. Passionné de cinéma, il rachète avec Gilbert Mille la revue Ciné d’Orient qui s’arrête en 1975. Il fera de la télévision, du cinéma – un rôle dans Les Petites guerres de Maroun Bagdadi – et bien sûr de la radio. Les gens se souviendront longtemps de son Concert des auditeurs qui choisissaient et dédicaçaient une chanson, le plus souvent à leur bien-aimé(e). Ainsi que des informations préparées et lues par le journaliste improvisé, en manque d’effectifs les jours de guerre. « C’étaient les années héroïques », comme il aime à les qualifier. J’ai vécu une période tellement extraordinaire. Celle d’un Liban qui n’est plus mais qui a été fabuleux. Vivre dans ce pays aurait dû être le rêve de
tous ! C’était une porte ouverte sur le monde entier. »


En attendant « ses acteurs » qui doivent arriver pour la répétition de la pièce d’Agatha Christie, Les Dix Petits nègres, à laquelle il participe également en tant qu’acteur, il se confie, anticonformiste, sans jamais se prendre au sérieux : « Il reste tant de choses que j’aimerais faire. Réaliser des films ou encore écrire un livre sur ma famille. Mais je ne sais toujours pas travailler sur un ordinateur, et ma machine à écrire va finir par me lâcher. On ne fabrique même plus des rubans de ce genre ! »


« Tout dans la vie est dans la manière de faire », conclut-il, avant de s’emparer de deux revolvers en plastique et de les pointer sur ses tempes en riant. « The man in grey », comme il s’est surnommé aujourd’hui, vu sa tenue grise, a repris son rôle. Sans transition.


D’abord il y a sa voix, reconnaissable immédiatement, qui a longtemps occupé et réchauffé les ondes de Radio-Liban. Son rire, son verbe éclatants. Une théâtralité à outrance dont il aime disposer et abuser sur les planches et dans la vie. Il y a ses colères, qui ne sont que passion, son amour de la mise en scène, à chaque instant, et puis surtout cette envie de rire de...

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Courage pour Alain grand nostalgique inlassable. Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

09 h 33, le 23 avril 2012

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Commentaires (2)

  • Courage pour Alain grand nostalgique inlassable. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    09 h 33, le 23 avril 2012

  • Allah yekhellilna yak ya Alain ! Bisous.

    Gerard Avedissian

    03 h 54, le 23 avril 2012

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