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Mode - Mode et art contemporain

Aïshti lance sa fondation

De gauche à droite, MM. Jérôme Sans, Saleh Barakat, Tony Salamé, Massimo de Carlo et Samir Abillama à l’exposition « Now » du Centre culturel, social et sportif de Jamhour.

Début février s’est tenue, au Centre culturel, social et sportif du Collège de Jamhour, une exposition surprenante d’une vingtaine de pièces dont le public a appris qu’elles appartenaient à la fondation Aïshti, par ailleurs propriétaire d’un millier d’œuvres d’art contemporain signées des plus grandes pointures du moment et régulièrement prêtées aux principaux musées de la planète. Aïshti étant depuis plus d’une vingtaine d’années le fer de lance de la mode au Liban et au Moyen-Orient, les invités se posaient des questions sur ce qui ressemblait à un changement de vocation. La réponse est venue de la bouche de Tony Salamé, fondateur et PDG de la société de magasins de luxe, et de son ami Jérôme Sans, l’un des pionniers du marché de l’art contemporain et cofondateur, au Palais de Tokyo, du Musée d’art contemporain de la ville de Paris.

« Time is now »
Le carton d’invitation du vernissage était illustré d’une œuvre de Doug Aitken, artiste conceptuel californien célèbre pour ses recherches sur le rapport entre l’image, la lumière et le son. L’œuvre est un panneau lumineux représentant un collage de photos sur le mot « Now », qui ramène à l’intitulé de l’exposition de Jamhour : « Time is Now ». Le ton est donné et les interventions, tant de Salamé que de Sans, mettront l’accent sur l’importance de l’immédiat dans l’art contemporain au niveau mondial. Pour l’un comme pour l’autre, la notion de « maintenant » est la principale caractéristique de notre époque. L’art comme la mode contiennent et interprètent dans le moment présent à la fois le passé et le futur. Les œuvres données à voir en témoignent, qu’il s’agisse des slogans détournés de Nate Lowman ou Aaron Young, de l’approche innovante des objets familiers par Dan Colen, des fluos ironiques de Rosson Crow, des fresques de Kristin Baker, des huiles hyperréalistes de Kehinde Wiley, des visions pessimistes de Thomas Housaego, des textes qui s’autodétruisent de Glenn Ligon ou des installations critiques de Walead Beshty.

Dans la foulée de PPR et de LVMH
L’un des premiers à prendre conscience de l’importance de l’art contemporain est sans doute François Pinault. Dès la fin des années 80 et au cours des dix années suivantes, il constitue l’une des plus importantes collections privées en France et l’une des premières au monde. C’est pour l’héberger qu’il achète en 2007 le Palazzo Grassi de Venise suivi de la Douane de mer, et en fait un immense espace muséal réalisé par l’architecte Tadeo Ando. L’intérêt de Bernard Arnault et du groupe LVMH pour l’art contemporain est tout aussi vif, comme le montrent par exemple les collaborations de grands artistes aux collections Vuitton, à commencer par celle de Takashi Murakami et sans compter celle, promise pour bientôt, avec Yayoi Kusama.

Aïshti, l’art et la mode
L’histoire de Tony Salamé avec l’art contemporain commence à peu près au même moment, certes avec des moyens plus modestes, mais sa collection finit par s’autoalimenter en quelque sorte pour atteindre aujourd’hui un volume qui appelle la création d’un musée privé. Ce sera la Aïshti Foundation, annoncée à Jamhour, et dont le site est prévu sur l’autoroute nord, à la sortie de Beyrouth, dans le prolongement du magasin Aïshti Seaside. Cette passion pour l’art contemporain, Salamé, tout aussi profane au début que l’était François Pinault, l’explique par une prise de conscience de la force de l’art d’aujourd’hui comme viatique pour comprendre notre époque. Selon Salamé, c’est en rencontrant de grands artistes qu’il a compris que tout le mode de communication avait changé et que tant dans l’univers de la mode que celui des événements, il n’était plus possible de compter sur les messages éculés. Avec l’artiste visuel Stefan Sagmeister, il a orchestré toute une nouvelle campagne pour Aïshti, osant les effets optiques dans les campagnes Aïzone, déclinant tout un nouvel univers autour de la boîte orange, et mettant en avant et avant l’heure le slogan « Time is Now », ainsi que d’autres messages simples à l’impact puissant. À l’arrivée, accrochée à cet univers de création illimitée, la mode devient elle-même porteuse de messages, le vêtement prend une dimension de langage, de mode d’expression, et tant l’art que la création vestimentaire s’associent pour interpréter une époque complexe et lui offrir un supplément de sens.
Début février s’est tenue, au Centre culturel, social et sportif du Collège de Jamhour, une exposition surprenante d’une vingtaine de pièces dont le public a appris qu’elles appartenaient à la fondation Aïshti, par ailleurs propriétaire d’un millier d’œuvres d’art contemporain signées des plus grandes pointures du moment et régulièrement prêtées aux principaux...

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