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Liban: l'effondrement d'un immeuble fait craindre d'autre tragédies

L'effondrement d'un immeuble délabré à Beyrouth, qui a fait 27 morts, vient rappeler aux autorités les risques liés à la vétusté de nombreux bâtiments, qualifiés de "bombes à retardement".

Dimanche, un immeuble de six étages s'est écroulé en quelques minutes, ensevelissant de nombreux habitants qui n'avaient pas eu le temps de se mettre à l'abri.

Cette tragédie a déclenché la colère de nombreux Libanais, qui ont accusé les gouvernements successifs de ne pas s'être attaqués à ce problème évident de sécurité publique.

Il n'existe pas de statistique fiable sur le sujet, mais les rues de la capitale sont parsemées de bâtiments vétustes, reconnaissables à leurs fissures, leurs balcons manquants et leur béton armé rouillé, contraste frappant avec les gratte-ciels flambant neufs.

"Le problème de l'habitat vétuste ne se limite pas à Beyrouth", estime Rached Sarkis, ingénieur en génie civil qui a fondé l'association libanaise de Protection contre le risque sismique. "Cela concerne tout le Liban."

"Avant 2005, il n'y avait pas au Liban d'obligation de construire les bâtiments conformément aux normes internationales, car le gouvernement n'avait pas publié de décret à cet effet", a-t-il expliqué à l'AFP.

"Les promoteurs ont tiré avantage de cette situation, pour faire un maximum de bénéfices au détriment de la sécurité publique", a-t-il déploré.

En outre, de nombreux bâtiments ont été construits illégalement, notamment durant la guerre civile, entre 1975 et 1990, et des propriétaires ont ajouté sans permis des étages à des construction existantes, compliquant considérablement la situation.

"De nombreux bâtiments ont aussi été érigés avant la loi de 1971 sur la construction, qui rend obligatoires des études structurelles préalables", a expliqué le député Mohammed Qabbani, chef du comité parlementaire sur les travaux publics.

"Le bâtiment qui s'est effondré n'avait apparemment pas d'armature métallique. Il était dépourvu des fondations les plus élémentaires", a-t-il ajouté.

Et de nombreux bâtiments ont été construits ainsi, avertissent les experts.

Selon M. Sarkis "toutes les constructions antérieures à 2005 doivent être inspectées de façon urgente".

Dans la foulée de l'effondrement dimanche, le gouvernement a promis de nouveaux contrôles, mais le problème nécessite davantage qu'une application plus stricte de la loi.

Une législation archaïque et le manque de logements abordables entravent toute solution.

Les lois sur la location, qui n'ont pas été modifiées malgré l'effondrement de la livre libanaise dans les années 1980, permettent aux titulaires de baux anciens de payer des loyers inchangés, soit pour un trois chambres en plein coeur de la capitale l'équivalent de 300 dollars (230 euros) par an.

En revanche, louer une simple chambre actuellement à Beyrouth coûte environ 500 dollars (390 euros) par mois, et un appartement de deux à trois chambres se vend au minimum un demi-million de dollars (390.000 euros).

"Que dire au propriétaire qui a besoin de 100.000 dollars pour rénover son immeuble, mais n'en tire que 5.000 dollars chaque année en loyer?" interroge M. Qabbani.

"Et que dire aux familles à qui on offre 20.000 dollars pour quitter leur domicile, et qui estiment cela insuffisant pour se loger ailleurs?", ajoute-il. "Le problème n'est pas seulement technique, il est économique".

Les autorités ont appelé les habitants à les avertir en cas de doutes sur la sécurité d'un bâtiment.

"Nous nous attaquerons immédiatement au problème des immeubles vétustes, dont certains sont de véritables bombes à retardement" a déclaré le chef de la municipalité de Beyrouth, Bilal Hamad, annonçant la création d'un comité sur le sujet.

Mais certains estiment que l'Etat a réagi trop peu trop tard.

"Nous tirons la sonnette d'alarme depuis longtemps", souligne M. Sarkis. "Mais malheureusement au Liban, personne ne bouge tant qu'il n'y a pas de morts."
L'effondrement d'un immeuble délabré à Beyrouth, qui a fait 27 morts, vient rappeler aux autorités les risques liés à la vétusté de nombreux bâtiments, qualifiés de "bombes à retardement".Dimanche, un immeuble de six étages s'est écroulé en quelques minutes, ensevelissant de nombreux habitants qui n'avaient pas eu le temps de se mettre à l'abri.Cette tragédie a déclenché la...