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Moyen Orient et Monde - Sortie de crise

Les fractures et le clivage culturel toujours aussi profonds en Belgique

Elio Di Rupo, futur Premier ministre, prié d’améliorer son flamand.
La mise sur pied imminente d’un gouvernement en Belgique après plus d’un an et demi de crise ne va pas pour autant effacer les tensions accumulées entre Flamands et francophones sur l’avenir d’un pays tiraillé par des forces centrifuges croissantes, estiment des analystes.
Présenté depuis des mois comme au bord de l’éclatement en raison de l’incapacité de ses deux grandes communautés linguistiques à s’entendre sur un avenir commun, le royaume de 10,5 millions d’habitants, composé à 60 % de Flamands néerlandophones et de 40 % de francophones, devrait enfin être doté, dans les prochains jours, d’un gouvernement de plein exercice dirigé par Elio Di Rupo. Un accord sur un programme a d’ailleurs été scellé mercredi soir.
Le socialiste francophone, chargé par le roi Albert II de former un gouvernement, a réussi l’impossible sous la pression de la crise de la dette qui frappe à la porte de la Belgique. Tout d’abord, en octobre, il a fait approuver par une majorité de partis flamands et francophones le principe d’un transfert de compétences supplémentaires vers les trois régions du pays (Flandre, Wallonie et Bruxelles). Elio Di Rupo a ensuite réussi, sous la pression des marchés financiers et de la Commission européenne il est vrai, à boucler un budget 2012 de rigueur, évitant au pays d’être emporté par la crise de la dette.
Mais ces succès « ne débouchent pas sur un nouvel équilibre et ne garantissent pas que les relations seront harmonieuses » entre Flamands et francophones, estime le professeur de sciences politiques de l’Université de Bruxelles Pascal Delwit. Tous ces accords sont « très fragiles » et le « clivage culturel à l’intérieur de la Belgique est de plus en plus profond », explique le politologue. « La lueur d’espoir, c’est qu’en concluant ces accords, on a quand même passé une étape qu’on croyait à un certain moment infranchissable », dit M. Delwit.
De même, la vie du gouvernement Di Rupo, attendu pour la semaine prochaine, risque de ne pas être « un long fleuve tranquille », confirme un autre politologue, Jean Faniel. Selon ce chercheur, le nouveau « compromis à la belge » ne pourrait être qu’une « pause » dans l’histoire tumultueuse des tensions entre Flamands et francophones.
Si la situation économique s’aggrave, des divergences devraient rapidement apparaître entre les partis flamands, majoritairement à droite, et francophones, plutôt à gauche, de la coalition gouvernementale. Surtout, l’opposition menée par le premier parti de Flandre, la formation indépendantiste N-VA de Bart De Wever qui est restée en dehors de la future coalition, risque d’être « féroce », prévient le chercheur. Bart De Wever, toujours très populaire en Flandre, a en effet déjà lancé ses premières salves, remettant en cause la légitimité d’Elio Di Rupo dont il juge le programme comme beaucoup trop à gauche pour une Flandre très ancrée à droite.
Plus encore, la maîtrise limitée du néerlandais par le futur Premier ministre, le premier Wallon à obtenir ce poste depuis les années 1970, risque aussi d’être un handicap en Flandre, a mis en garde cette semaine le Premier ministre sortant, le Flamand Yves Leterme, qui s’exprime aussi bien dans les deux langues. Fils d’immigrés italiens, le socialiste Di Rupo s’exprime en français depuis sa jeunesse et parle mal le néerlandais. « Il est prêt pour le poste de Premier ministre, sauf pour son néerlandais », a ainsi titré cette semaine Het Laatste Nieuws, le premier quotidien de Flandre.
Comme l’ensemble de la presse, ce journal a relevé les hésitations et les erreurs commises dimanche par M. Di Rupo au cours d’une conférence de presse annonçant un accord crucial sur le budget de sa future coalition. « Je vais y travailler », a assuré M. Di Rupo. « Je prendrai le temps de me perfectionner. Au Parlement, je répondrai en néerlandais, avec mes fautes. Mais je le ferai. »
Les embarras de M. Di Rupo illustrent le casse-tête linguistique en Belgique, où cohabitent trois langues officielles : le néerlandais, le français et l’allemand, cette dernière langue étant parlée par 0,7 % de la population. Le français, langue des élites politiques jusqu’à la fin des années 1970, n’a cessé de perdre du terrain. Au Parlement ou au Conseil des ministres, chacun s’exprime dans sa langue, une traduction étant assurée. Longtemps délaissé, l’enseignement du néerlandais progresse en Wallonie car la Flandre attire les travailleurs francophones avec son économie florissante. En revanche, les jeunes Flamands tendent à bouder le français, jugeant plus utile de devenir bilingue en anglais.
(Source : AFP)
La mise sur pied imminente d’un gouvernement en Belgique après plus d’un an et demi de crise ne va pas pour autant effacer les tensions accumulées entre Flamands et francophones sur l’avenir d’un pays tiraillé par des forces centrifuges croissantes, estiment des analystes.Présenté depuis des mois comme au bord de l’éclatement en raison de l’incapacité de ses deux...

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