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Culture - Exposition

Le Beyrouth d’aujourd’hui en photos et céramiques à Paris

Les photos de Beyrouth de Philippe Aractingi et les céramiques signées MaryLynn Massoud et Rasha Nawam racontent Beyrouth à la galerie Modus à Paris

Entre céramiques et photos, une exposition qui interroge l’identité.

Galerie Modus, place des Vosges, de larges clichés photographiques sur les murs accrochent le regard : des trouées de lumière au milieu de la nuit, dans un décor moderniste de ponts, d’immeubles neufs bien éclairés, de vieilles bâtisses dont une lampe invisible découvre les façades émouvantes, des toits d’une ville où se mêlent clochers et minarets dans un décor de grues. Là, une marina de tours et de gratte-ciel, noyée sous les néons, un vieux et noble phare en bleu et blanc qui persiste à vouloir monter la garde malgré le petit nouveau en contrebas, construit sur la mer. Une ambiance à la fois familière et étrange. C’est Beyrouth vu par Philippe Aractingi. Après les films et documentaires interpellant la mémoire, la guerre, le cinéaste libanais reprend son appareil photo pour tenter de percer l’âme de sa ville. Une ville de béton et d’acier, qui n’a plus le même dialogue amoureux avec la mer et le jour. « Beyrouth est devenu schizophrène, dit-il. Je cherche l’unité, le sens de tout cela. » Mais Beyrouth de nuit, pourquoi ? « Parce que de jour il y a trop de bruit, trop de lumière et de poussière, le silence de la nuit me permet de mieux voir, comprendre, apprécier », explique-t-il.
Philippe Aractingi a donc choisi sa caméra digitale pour observer la (re)naissance du Beyrouth d’après-guerre. « J’ai toujours été un témoin spontané de l’évolution de cette ville. Voilà plus de 30 ans que je la filme et la photographie, par peur de la voir disparaître. »
Entre construction et déconstruction, Beyrouth se réinvente, et on ne la reconnaît plus. Est-ce fortuit si les clichés, d’une beauté plastique parfaite, ne contiennent pas de trace de vie au quotidien, pas de visages, pas d’arbres ? Seul un palmier fait surface, majestueux mais fatigué, collé à une magnifique maison beyrouthine abandonnée, dont il semble être le frère jumeau. Une photo qui troue, comme un cri, le silence de la nuit. Le regard à la fois implacable et esthète de Philippe Aractingi va fouiller la mémoire autant que le présent de Beyrouth. Cette quête d’identité ressort dans la mise en contraste de l’exposition avec le premier documentaire d’Aractingi, Beyrouth de pierres et de mémoire, projeté dans la galerie. Un moment d’émotion. Beyrouth en ruine, portant les cicatrices de son passé, imprégné de souvenirs. La place des Martyrs, mémoire d’un Liban défait à jamais. Une histoire gravée dans la pierre, saignée à vif et la vie parmi les décombres, malgré tout. Au loin, la mer toujours présente, qui panse les plaies. La reconstruction met-elle au défi le caractère méditerranéen de la ville ? Épuise-t-elle la mémoire ?

Les céramiques de Massoud et Nawam
Ce nouveau Beyrouth qui émerge est raconté aussi par MaryLynn Massoud et Rasha Nawam, toutes deux céramistes, qui participent à l’exposition (Massoud a notamment reçu une formation à la Manufacture de Sèvres et Nawam combine une formation au studio de Nathalie Khawam avec une carrière dans... l’immobilier). Leurs buildings en céramique, dressés au milieu de la salle, font écho aux photographies d’Aractingi et apportent une touche ludique, légère et artistique à la fois, à la vision du nouveau Beyrouth.
Cette démarche singulière du cinéaste et des deux jeunes femmes céramistes interroge l’histoire, l’identité. Un travail qui ne laisse pas indifférent.
Galerie Modus, place des Vosges, de larges clichés photographiques sur les murs accrochent le regard : des trouées de lumière au milieu de la nuit, dans un décor moderniste de ponts, d’immeubles neufs bien éclairés, de vieilles bâtisses dont une lampe invisible découvre les façades émouvantes, des toits d’une ville où se mêlent clochers et minarets dans un décor de...

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