Un autre candidat, leader du parti nationaliste Ata Jourt, Katchymbek Tachiev, a mis hier en garde contre une nouvelle vague de violences si le scrutin n’était « pas honnête ». « Je ne veux qu’une chose : que cette élection soit honnête », faute de quoi « la population » prendra le pouvoir « par la force », a déclaré M. Tachiev, un ancien boxeur. Le parti Ata Jourt de M. Tachiev est arrivé en tête des législatives de 2010, mais n’ayant pas trouvé un partenaire pour gouverner, il soutient du bout des lèvres le gouvernement de coalition de M. Atambaïev. Adakhan Madoumarov, ex-président du Parlement et troisième candidat de poids, a pour sa part promis d’instaurer « une dictature de la loi » au Kirghizstan en cas de sa victoire. « Nous devons bâtir un État où la loi est au-dessus de tout », a-t-il déclaré. Au total, les quelque 3,34 millions d’électeurs ont le choix entre seize candidats.
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont 285 observateurs surveilleront le déroulement des opérations de vote, a pour sa part souligné, dans son dernier rapport intermédiaire, le risque de voir les divisions s’approfondir.
Le Kirghizstan n’a jamais vécu de transfert pacifique du pouvoir depuis son indépendance en 1991, ayant connu en 2005 puis en 2010 deux révolutions sanglantes et des violences ethniques meurtrières, qui ont surtout visé la minorité ouzbèke dans le Sud. Le pays est traversé par de multiples divisions : entre les Kirghiz et les Ouzbeks, entre le Nord urbanisé et relativement prospère et le Sud pauvre et plus rural, et entre les clans de l’ancien régime et ceux du nouveau.
Kirghiz et Ouzbeks de la ville d’Och au Sud s’accordent sur une chose : la présidentielle de dimanche n’apportera pas de réconciliation et de nouvelles violences ne sont pas à exclure. L’ethnie minoritaire ouzbèke, qui représente toujours 40 % de la population, est d’autant plus anxieuse que dans le Sud, une éventuelle poussée nationaliste chez les Kirghiz dimanche n’est pas à exclure.
(Source : AFP)