Rechercher
Rechercher

Culture - Livre

David Hury met « Beyrouth sur écoute »

Le journaliste et photographe français David Hury signe ce soir son ouvrage bilingue « Beyrouth sur écoute / Wiretapping Beirut » (Amers éditions) à la Grande Brasserie du Levant (Mar Mikhaël)*. Plus qu’un album photos. Un recueil d’histoire(s) de et sur la capitale libanaise. Au nombre de 41...

David Hury, un amoureux de Beyrouth.

Brouillant insensiblement la frontière entre réalité et fiction, David Hury propose, avec son nouvel ouvrage de 180 pages, comme une sorte de puzzle visuel et littéraire (en français et en anglais) autour de la ville de Beyrouth. Quarante et une photos flirtent avec quarante et une histoires, le verbe précédant l’image, à lire comme un rebus avant de découvrir, en tournant la page, la photo qui a inspiré l’auteur.
Encore un mordu de Beyrouth? Français de nationalité, journaliste de profession, photographe par passion, Hury s’est laissé adopter (ou devrait-on dire ensorceler) par «la ville qui ne peut laisser indifférent». Il a ainsi élu domicile sous son ciel depuis quatorze ans. «Soit on aime Beyrouth, alors on reste, soit on la déteste, alors on fuit, affirme-t-il. Elle est laide et belle à la fois. Attachante, surtout, même si parfois on a envie de lui donner une bonne paire de claques.»
Après une première déclaration d’amour, Jours tranquilles à Beyrouth (éd Riveneuve, Paris, 2009), dans laquelle il a cosigné, avec son épouse libanaise Nathalie Boulos Bontemps, les chroniques de la guerre de juillet 2006, David Hury se lance ici dans un exercice qui s’est révélé aussi amusant pour lui comme pour le lecteur éventuel. À condition que ce dernier se prenne au jeu. Les règles, alors?
«J’aurais souhaité accompagner chaque lecture et indiquer au lecteur la marche à suivre, sourit l’auteur. Lire le récit d’abord et découvrir ensuite, grâce à la photo cachée au détour de la page, la véritable identité du narrateur...»
Dans cette ville intrigante, entre «garce et grâce», il a voulu: «entendre ce qui n’a pas de voix et donner la parole à ce qui n’a pas de voix».
Quarante et une histoires, donc, «personnelles ou non, fictives ou non, mais l’on met toujours un peu de soi lorsqu’on écrit, non?», ajoute Hury. Des histoires qui, précise-t-il, «n’effleurent peut-être qu’un pour cent de la réalité de Beyrouth. Mais quarante et une chroniques à son image, entre jeux de faux-semblants, mises en abime, histoires à tiroirs et apparences trompeuses».
Et parce que cette ville comporte autant de «narrateurs potentiels que de grains de poussière», David Hury promet une suite à ce premier tome, donnant la parole cette fois-ci à des talents photographiques et littéraires.
Mais que dit Beyrouth lorsque David Hury la met sur écoute?
«Tout dépend de l’endroit où l’on se trouve. Un lieu, une poignée de porte, un animal, une personne... Toute la ville à une chose à raconter, selon ce qu’elle porte sur elle.»
Mais alors? «Principalement des histoires du passé.» David Hury donne alors la parole à un arbre, à un chat borgne, au portrait en lambeaux de Samir Kassir, à une vieille Mercedes, à un panier pendu au balcon de la voisine, à l’ancien phare de Manara, à un graffiti insolite, à un pin’s warholien à l’effigie de Hassan Nasrallah, à une soupe de
lentilles...
Une étrangeté parfois inquiétante, une nostalgie douce-amère, une poésie diffuse, ou une ironie mordante teintent, tour à tour, ces écrits toujours pertinents.
Belle plume, bonne vision, David Hury. L’auteur, qui donne là une belle traduction au silence éloquent des choses, possède néanmoins un seul regret: ne pas avoir pu présenter son ouvrage en trois langues. «Les textes en question sont peu traduisibles en arabe», estime l’auteur tatillon sur son propos.
Alors, pourquoi 41 récits et autant de photos? L’auteur prend alors son air le plus candide et enjoint son interlocuteur «à faire des recherches». «Googelisé», le nombre n’a pas révélé grand-chose sur sa signification. À part qu’il pourrait représenter le «Fils, le Verbe éternel», selon J. Boehme. Ou symboliser le bonheur, la félicité, selon L. Wood. Se pourrait-il alors que David Hury ait choisi en réalité le 41 parce qu’il est l’addition du 40 et du 1? Le nombre 40 comme symbole du temps d’épreuve, et le 1 comme celui de l’unité, du commencement, de la souveraineté, de la lumière? Beyrouth est bien comme cela, non?
Brouillant insensiblement la frontière entre réalité et fiction, David Hury propose, avec son nouvel ouvrage de 180 pages, comme une sorte de puzzle visuel et littéraire (en français et en anglais) autour de la ville de Beyrouth. Quarante et une photos flirtent avec quarante et une histoires, le verbe précédant l’image, à lire comme un rebus avant de découvrir, en tournant la page, la...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut