C’est le public qui fait la performance chez Ghassan Ghazal. (Michel Sayegh)
Cette fois, c’est «l’aspect métaphorique du poids et du contenu de notre mémoire» qu’est censée incarner cette performance collective intitulée «Corps-V(alises)». Laquelle se présente de la manière suivante: accrochées par des cintres sur un rail suspendu au plafond de la galerie Janine Rubeiz, une série de chemises blanches, intégrant de dos des poignets de valises, sont offertes aux visiteurs l’espace d’une soirée. Ces derniers sont invités à les enfiler pour projeter «l’image d’une mémoire s’activant dans un espace-temps donné» et mettre l’accent sur la nature migratoire du corps transportant le poids éthique de la mémoire. Le corps devient valise de souvenirs, d’expériences, de vécus, de pertes, d’arrachements, d’exils et d’épreuves... d’où le titre de Corps-V(alises) à lire dans son double sens: corvée et corps-valises.
L’idée de cette performance, habitée en filigrane par les thèmes de l’identité, de l’exil, de la fuite de la mémoire chers à cet artiste pluridisciplinaire (peintre, «installationiste», vidéaste et performateur), est intéressante. Elle aurait cependant gagné à être développée plus profondément. De manière à laisser, en dépit de son statut d’art éphémère, un impact plus durable dans la mémoire des participants. Lesquels se sont pliés de bonne grâce à l’injonction de revêtir les «chemises-valises» de l’artiste sans réellement se connecter à la démarche artistique de Ghassan Ghazal.
Z.Z.