Le régime syrien a assuré dimanche vouloir relancer le "dialogue national" pour favoriser la transition du pays vers la démocratie, mais la réunion préparatoire a été boycottée par les opposants qui réclament l'arrêt des violences avant tout contact. La réunion sur le dialogue national, qui doit durer deux jours, s'est ouverte dans la matinée, en présence du vice-président Farouk el-Chareh, et d'environ 200 autres personnes, des membres du parti Baas, au pouvoir depuis 1963, des indépendants ainsi que des représentants de la société civile (acteurs, écrivains et intellectuels). Les participants aux discussions doivent débattre d'amendements à la Constitution, en particulier de la possible suppression de la clause qui fait du parti Baas "le dirigeant de l'État et de la société".
M. Chareh a affirmé que cette rencontre visait à préparer une "réunion nationale globale au cours de laquelle sera annoncée la transition de la Syrie vers un État multipartite, démocratique, où tous seront égaux et participeront à l'édification de l'avenir du pays". "Sans un système politique multipartite démocratique (...) notre société ne parviendra pas à la liberté et à la paix civile", a-t-il ajouté. M. Chareh a reconnu que le "dialogue commençait dans un climat inconfortable, de suspicion" et que "beaucoup d'obstacles naturels ou artificiels empêchaient la transition" vers la démocratie. "Il faut sortir de ce cercle vicieux (...) et organiser des manifestations sans autorisation préalable entraîne une violence injustifiée", a jugé M. Chareh. "Il faut cependant reconnaître que sans les sacrifices consentis par le peuple syrien qui a versé son sang dans plus d'un gouvernorat, cette réunion n'aurait pas pu avoir lieu", a-t-il concédé. Le vice-président a réitéré la volonté de réforme du régime, soulignant que "les circonstances ont empêché une application entière des lois récemment promulguées, comme celle qui a annulé l'état de d'urgence". Il a d'ailleurs annoncé la suppression d'ici à une semaine des "obstacles au retour de tout citoyen en Syrie, ou à un voyage à l'étranger".
Les opposants au régime ont décidé de boycotter ces pourparlers. Ils réclament avant d'y participer "le retrait des forces syriennes des villes, la libération des prisonniers politiques et des manifestants pacifiques, ainsi qu'une enquête sur les crimes commis contre les manifestants". Au cours de la réunion, montrée en direct à la télévision publique, Tayyeb Tizini, un écrivain proche de l'opposition, a espéré son succès : "J'appelle cette réunion à être vraiment historique, en jetant les bases de l'État de droit qui a été violé jusqu'aux os". Pour autant, il a regretté le contexte de violences peu propice : "Les balles continuent à être tirées à Homs (centre) et à Hama, j'aurai souhaité que cela s'arrête avant la réunion. Cela était nécessaire". "Il aurait également fallu libérer les détenus qui s'élèvent à des milliers et qui sont en prison depuis des années. Cela aurait été un cadeau au peuple et à la réunion", a-t-il jugé. Pour lui, il est essentiel de "démanteler l'État sécuritaire (allusion aux services de renseignement omniprésents dans la vie publique). C'est une condition sine qua non, car si nous voulons remédier ensemble aux problèmes, l'État sécuritaire sabotera tout".
Sur le terrain, les manifestants exigent de leur côté la chute du régime et des élections libres, refusant toute discussion avec les autorités.
Par ailleurs, les autorités syriennes ont convoqué les ambassadeurs américain et français, a annoncé l'agence officielle Sana. Accusant "l'extérieur" de vouloir saboter ses efforts, le régime a convoqué "les ambassadeurs américain et français" pour leur faire part de "sa vive condamnation de leur visite à Hama sans autorisation préalable", selon l'agence.
"Leur visite prouve qu'il existe un soutien et un encouragement de l'extérieur pour déstabiliser le pays, au moment où un dialogue national, qui a pour objectif de bâtir l'avenir de la Syrie, vient d'être ouvert", a-t-elle ajouté, évoquant "une ingérence flagrante dans les affaires intérieures syriennes".
Les ambassadeurs à Damas des États-Unis Robert Ford et de France Eric Chevallier se sont rendus séparément la semaine dernière à Hama, cité assiégée par l'armée, où des manifestations monstre contre le régime ont eu lieu.
"L'ambassadeur Ford voulait voir de ses propres yeux ce qui se passe sur le terrain. Le fait que les médias internationaux ne puissent pas couvrir librement les événements rend cela encore plus important", avait affirmé l'attaché de presse de l'ambassade des États-Unis.
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